Le bitume avec une plume
de Skalpel

critiqué par Nathafi, le 28 février 2015
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Un cri
La ligne 13... Ligne de métro qui dessert Asnières sur Seine, Gennevilliers et Clichy, mais aussi Saint-Denis et Saint-Ouen, c'est celle qu'emprunte quotidiennement Skalpel pour rejoindre son univers, la morosité, le béton.
"Le bitume avec une plume", c'est un grand cri, un jeune de banlieue qui peste et qui raconte sa vie, qui dépeint les autres, ceux qui ne passent pas le périphérique, ceux-là même qui le toisent et ne comprennent pas son mal-être...
Ce livre est brut, des réflexions couchées sur le papier sous forme d'exutoire, c'est ce qui le sauve de ce cauchemar, de pouvoir écrire tout ce qui jaillit de lui. De la haine ? Non... de l'exaspération surtout, un ras-le-bol contre la société, contre le système. Un retour en arrière, quand il avait six ans, puis ado, où il évoque ses parents, la précarité, une "précarité digne" :

"J'ai été élevé dans une grande précarité, mais dans une précarité digne, équitable, où jamais je n'ai eu à souffrir de différence de traitement avec mon frère. Face à la pauvreté, nous étions deux petits "égalitaires"."

C'est un livre qui dérange par sa vérité, qui agace par son vocabulaire et qui remue les tripes, un regard de l'intérieur qui nous en apprend beaucoup sur la vie des banlieues et le désespoir des jeunes qui les habitent.