La Nef
de William Golding

critiqué par Vince92, le 24 mars 2018
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Acte de foi ou simple hubris?
Dans ce temps du Moyen-âge si mal considéré. En Angleterre. Un homme seul, le Doyen Jocelin a entrepris de faire construire une flèche démesurée à son église, d'une hauteur telle que même son maître d'oeuvre le qualifié Roger Mason s'oppose à son édification.
C'est qu'on n'a jamais construit si haut, même les ouvriers prennent peur et commencent à déserter le chantier. Mais Jocelin persiste et, aidé par la présence de son ange parvient à convaincre Mason de poursuivre encore et encore... toujours plus haut!
Ce roman de William Golding aurait pu être intéressant, le thème, celui des constructeurs de cathédrales du Moyen-âge est passionnant: qui a poussé les instigateurs de ces monuments qui forcent notre admiration encore au XXIe s. à alléger les structures des bâtiments destinés à prier Dieu? La foi! nous est-il souvent répondu... certes mais je suis persuadé qu'à cette époque aussi existaient des hommes bouffis d'orgueil et avides de reconnaissance qui cherchaient à briller notamment par leur exploits architecturaux .
C'est ainsi que m'apparait Jocelin, un être qui cherche coûte que coûte à avoir raison contre tous. Certes, une grosse dose de mysticisme porte son projet, la présence de l'Ange qui le réconforte tout au long du récit, le combat du Diable contre ce même Ange à la fin du roman montrent l'emprise de la foi sur le personnage du Doyen mais ce qui ressort surtout, c'est le caractère opportuniste, calculateur de cet homme, qui s'il n'avait pas été prélat aurait sans doute fait un parfait homme politique dans son pays.
Le livre donc aurait pu être intéressant, or il est juste ennuyeux, le récit s'attarde, ne progresse pas... Jocelin se défend d'être fou face à Mason qui finalement choisit de continuer... sur près de 300 pages, ça a fini par me lasser. Le personnage de Jocelin n'est finalement qu'un tartuffe qui ne sert que sa propre image, nous sommes loin des Tentations de Saint-Antoine de Flaubert.
Un roman plat, trop long, assez fade qui ne m'a apporté que quelques satisfactions au début de la lecture, une lecture pleine de promesses mais qui s'achève avec le sentiment d'une frustration à la mesure d'un autre livre de l'auteur qui me laisse, lui, un souvenir impérissable, Sa majesté des mouches.