La colère de Fantômas - tome 3 : À tombeau ouvert
de Olivier Bocquet (Scénario), Julie Rocheleau (Dessin)

critiqué par B1p, le 23 février 2015
( - 50 ans)


La note:  étoiles
à tombeau ouvert (ou "un titre bien choisi")
Julie Rocheleau et Olivier Bocquet revisitent ici les nouvelles signées par Pierre Souvestre et Marcel Allain à partir de 1911. Que reste-t-il des Fantômas originaux plus d'un siècle après leur écriture ? Je ne saurais le dire car je n'ai jamais lu les textes de l'époque. A peine ai-je vu les adaptations ciné avec Louis de Funes et Jean Marais, mais il est clair qu'ici les auteurs bd s'attachent aux basques du Fantômas des débuts plutôt qu'à sa resucée démonstrative des années 60.

Alors qu'est-ce que ça donne ? Clairement les auteurs privilégient la vitesse et l'humour comme moteurs de leur adaptation, ce qui fait de ces bd's un pur produit des années 2.0. Et dans le rayon, on peut dire que c'est très réussi. Mais ce qui hisse les trois tomes vers le haut, c'est surtout le dessin de Julie Rocheleau. Dans sa bio on apprend qu'elle a officié comme illustratrice de livres jeunesse, et une chose est sûre : ça se voit ! Le dessin n'essaye pas de ressembler à quoi que ce soit de connu, et c'est très bien. En même temps qu'une histoire haletante, les 3 Fantômas sont aussi un régal pour les yeux, un moment de fraîcheur aux traits et couleurs toujours inattendus mais bigrement réussis.

Cela veut-il dire que tout est du même tonneau ? A mon avis non ! En effet, à trop vouloir faire dans le dynamique (dans la dynamite ?), les héros principaux ont une épaisseur psychologique quasi inexistante. Pourtant, on aurait aimé sentir ce qui motivait le commissaire Juve ou le journaliste Fandor dans leur quête. Ou savoir d'où vient ce Fandor mystérieusement lié à Fantômas par un lien inconnu. Malheureusement trop de meurtres à l'emporte-pièce laisseront le mystère entier, sans qu'aucun acmé n'ait ému le lecteur d'une manière ou d'une autre.
Reste la figure tutélaire de Fantômas qui fait tout péter et trembler la République sur ses bases, ce qui est déjà un spectacle échevelé dont on aurait, pourtant, attendu un peu plus de profondeur.