Dans le ciel des bars
de Joseph Incardona

critiqué par Lucie mum, le 10 janvier 2004
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles noires
« Dans le ciel des bars » de Joseph Incardona

Quatorze nouvelles plutôt sombres, voire vraiment noires, de Joseph Incardona, 35 ans, déjà auteur d’un roman, Le cul entre deux chaises, chez le même éditeur. Celui-ci possède la qualité essentielle pour un écrivain, l’oreille. La phrase est impeccable, le rythme est évident.
Quatorze instantanés, saisis dans la brutalité du quotidien, une poursuite de cinéma braquée sur des instants de vie où chaque histoire éclaire la trame secrète des intimités anonymes, nos intimités. Une foule de vies se percutent, des existences saisies en raccourcies, dont on partage la commune solitude et les espoirs.
Mais jamais misérables ou s’avouant vaincus.
Ils n’inspirent pas la pitié, mais on se sent de leur côté. Ainsi, malgré la défaite annoncée d’un boxeur sur le retour Adrénaline, les angoisses d’un tireur d’élite minée par l’attente de l’heure « H » Le contrat ou encore le drame d’un meurtre conjugal commis par dépit Riverains autorisés, « la vie continue ». Ses personnages sont plutôt sonnés par la vie que triomphants. Plutôt paumés que golden boys. Tel ce Robert l’anti-héros de Macadam, flic usé jusqu’à la corde, au bout du rouleau, qui nous emmène avec lui, frissonnant, jusqu’au bout de son hallucination, là où un nouveau départ est encore possible.
L’auteur saisit ces femmes et ces hommes à un moment de leurs vies, sans que l’on sache précisément ce qui leur est arrivé, ni ce qu’ils deviendront. Ni même exactement après quoi ils courent. En quelques pages, le lecteur atteindra à leur vérité essentielle.

ed. Delphine Montalant, La maison bleue, 77320 Thiercellieux, 128p., 15 Euros.
Destins brisés 9 étoiles

Quatorze morceaux sombres pour composer un recueil qui brille par la justesse de ton et la qualité de l'écriture de Joseph Incardona. Quatorze destins qui tôt ou tard se retrouvent face aux murs, non pas de manière imprévisible, mais suite à une accumulation de ces petites choses de la vie qui peuvent rendre un parcours décousu ou une existence chaotique.
Chaque personnage dépeint par Incardona est empreint d'une profonde humanité, de beaucoup d'amertume et de désillusion aussi. C'est ce qui fait leur force, je trouve, et leur donne tant de profondeur. Parce qu'ils ne sont pas des super héros ni quoi que ce soit du genre, juste des Monsieur et Madame tout le monde à qui il arrive des tuiles et toutes sortes de désagréments qui pourraient nous tomber dessus aussi, un jour ou l'autre.
Et c'est là une des grandes qualités de ce livre, avoir fait de ce quotidien quelque chose d'extraordinaire, faire de ces petits riens des moments d'exceptions. Même si au final, on sait qu'ils vont se casser la figure et que le happy end n'est pas forcément au rendez-vous. C'est du noir de noir, du tout bon.

Sahkti - Genève - 50 ans - 30 mars 2007