Ce que le temps a fait de nous
de Isabelle Minière, Hélène Rajcak (Dessin)

critiqué par Rotko, le 14 février 2015
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
La mère âgée recueillie.
Le fils, face à sa mère vieillie, se rappelle tous les personnages qu’elle a été et qu’il a connus : « Toutes ces femmes en elle ». La jeune mère, l’adulte attentionnée, soucieuse des vieilles voisines, et ce qu’elle est devenue sur le tard, une enfant attirée par les rubans, raffolant des boutons de couleur. On sait le renversement des rôles, celui de la mère devenant la fille de son fils, gardant les mêmes préoccupations : « as-tu goûté ? » «  T’es-tu bien amusé  ? », phrases récurrentes, empreintes de sollicitude, qui ne correspondent plus à la réalité d’un fils … quinquagénaire.

L’humour des situations n’occulte pas un comportement plein de tendresse, dans les paroles, les gestes et les attentions affectueuses. Le fils incarne le rôle attendu de « mon fils », acquiesce aux demandes inattendues, se plie aux circonstances. Il se sent « investi d’une mission », comme jadis lorsqu’il rendait visite avec sa mère à de vieilles dames esseulées. « Elle est si seule ! » disait alors la mère, et ces phrases gravées dans l’esprit de « mon fils » lui dictent son attitude indulgente et généreuse.

On est sensible à ce récit pudique, aux chapitres courts avec un titre, à la clarté du présent dans des phrases simples. Les paroles se glissent naturellement dans le récit, fluidité obtenue par l’absence de guillemets et d’alinéas. On pense à un récit d’enfant, dans sa pureté.

Tous les personnages - sauf le fils, sont féminins et on voit même intervenir une sœur imaginaire. Les gouaches d’Hélène Rajcak séduisent par leurs couleurs vives et un apparent naturel. Un bon moment de lecture.

Décidément la vieillesse devient un thème littéraire, comme dans le livre de pierre Gagnon, « mon vieux et moi » 92 pages. Chez j’ai lu.