Tout m'accuse
de Véronique Marcotte

critiqué par Libris québécis, le 14 février 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Un voyeur impénitent
La maladie mentale occupe une place importante en littérature. Véronique Marcotte suit ce créneau des âmes qui se noient dans un univers duquel ils ne parviennent pas à émerger. Ses deux derniers romans tournent autour de la mère à l’origine de la dérive des héros. Les génitrices doivent avoir le dos large parce que tout les accuse.

Auguste, le héros du roman, ne pardonnera jamais à sa mère d’avoir quitté la Belgique pour Montréal afin d’échapper à sa domination. Pis encore, elle profitait de son statut de veuve pour ancrer davantage son emprise sur un fils qu’elle soustrayait à tout rapport humain. Devant cette censure, il ne lui restait plus qu’à développer un moyen de s’incérer dans la vie d’autrui. Le voyeurisme est donc devenu un ersatz pour suppléer à son inexpérience existentielle. À travers ce penchant maladif, l’auteure tente de cerner une âme en détresse. En vue de cet objectif, les différents personnages tiennent, chacun leur tour, le rôle de narrateur pour dévoiler leurs contributions aux malaises ou à la guérison du héros. Un héros qui se sent coupable de ses indiscrétions, d’autant plus que son métier d'archiviste dans un grand hôpital l’enrichit en adresses qui lui facilitent la tâche pour se livrer à sa compulsion.

Malgré les planches de salut qui se présentent, le mal est trop profond pour que l’on y remédie. L’auteure dénonce en quelque sorte l’absence d’institution pour venir en aide à ceux qui, hélas, se sont perdus dans le labyrinthe de la vie. Elle ne se substitue pas aux psychologues. Elle s’est contentée d’écrire un excellent thriller psychologique, qui laisse aux lecteurs le soin d’interpréter la conduite d’un immigrant éclopé à cause de ses carences familiales.