Le serpent d'étoiles
de Jean Giono

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 13 février 2015
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Une belle découverte
C'est un livre dans la même veine que Colline, Un de Baumugnes ou Regain ; mais ce n'est pas un roman, c'est un récit.

Jean Giono se promène dans les collines du Lubéron et rencontre un berger qui lui raconte sa vie ; il lui raconte les belles aventures qui peuvent arriver quand on garde les moutons. Il raconte entr'autres, la révolte des moutons contre un mauvais berger et son chien qui les maltraitaient. Ce sont des histoires magnifiques et on se demande si elles sont vraies tellement elles sont extraordinaires.

Mais le plus étrange, c'est la fête que les bergers organisent entre eux une fois par an : ils se réunissent sur un haut plateau et improvisent des récits mythiques et fabuleux : un récitant donne le thème ; quand Giono y assistait, le récitant a raconté le récit de la création avec un Dieu qui patauge dans l'eau et écarte les nuages. Puis le récitant appelle la Mer, puis le Vent, le Fleuve, l'Arbre et ainsi de suite pour en arriver à l'Homme ; et à chaque fois, un berger se présente et joue le rôle en improvisant un récit, soit merveilleux, soit tragique, parfois dramatique, ou triste, selon son tempérament et son inspiration du moment.

Giono présente cette histoire comme authentique et c'est vraiment surprenant : les bergers arrivent à personnaliser les éléments naturels ; ils font preuve d'une connaissance du monde et d'une imagination tout à fait ahurissantes ; ils improvisent avec une faconde et dans un vocabulaire où on retrouve toute la verve des Provençaux.

Ce bref récit nous fait pénétrer dans un monde d'un autre temps et totalement inconnu des citadins que nous sommes. C'est une belle découverte.

Giono nous fait partager l'amour de son pays, avec ses paysans et ses bergers ; il le raconte dans son style bien à lui, fleuri et imagé ; mais parfois trop imagé à mon goût : j'ai trouvé que son style gagnerait à être plus simple ; on a l'impression que l'auteur veut surprendre à tous les coups, par des comparaisons et des tournures de phrases vraiment trop saugrenues.

Mais, c'est le style Giono, à la fois âpre et bucolique, quand il raconte son pays ; un style qui ne laisse personne indifférent, et qui gagne toujours à être lu.