Apostoloff
de Sibylle Lewitscharoff

critiqué par Pucksimberg, le 7 février 2015
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
« L’auteur au style le plus éblouissant de la littérature allemande contemporaine se déchaîne contre la Bulgarie », Die Welt
Deux sœurs, qui vivent à Stuttgart, suivent la folle idée de Tabakoff qui a décidé de ramener les dépouilles de ses amis bulgares dispersés en Europe afin de les rassembler. Il souhaiterait récupérer les restes du père de ces deux sœurs qui acceptent cette proposition puisque de l’argent leur est offert. Elles se retrouvent accompagnées de Rumen Apostoloff , leur chauffeur dans cette aventure qui va leur faire parcourir la Bulgarie dont elles sont originaires mais qu’elles abhorrent. La narratrice n’a pas la langue dans sa poche et n’hésite pas à remettre en place les personnes qui n’ont pas le même avis qu’elle, sa sœur est un peu plus diplomate. Ce roman est à la fois loufoque et cruel en ce qui concerne les remarques sur ce pays de l’Est qui n’est pas épargné, mais alors pas du tout ! Durant cette traversée de la Bulgarie, les jeunes filles se replongeront dans leur passé familial. C’est une folle équipée que le lecteur suit : des personnages au caractère trempé, des disputes, des moqueries, des rebondissements, une traversée de la Bulgarie, des rencontres originales …

Ce roman se lit avec un grand plaisir. L’écriture est vive, imagée et amusante. L’auteure s’amuse à faire des sauts dans le temps qui nous permettent de mieux appréhender ces personnages au caractère trempé. Il y a une force dans cette écriture qui me plaît beaucoup et un véritable souffle qui traverse cette histoire. Sibylle Lewitscharoff vit elle-même à Stuttgart et son père était bulgare, comme la narratrice. Le regard qu’elle porte sur la Bulgarie est sévère, mais cela reste son point de vue et son ressenti. L’on rit souvent à la lecture de ce texte tout en déduisant la satire dans certains passages.

Le regard de la narratrice sur la Bulgarie est l’un des points forts de ce roman avec le style, peut-être a-t-elle pas mal en commun avec l’auteure. Le lecteur a bien le sentiment d’avoir, lui-aussi, pas mal voyagé grâce à ces personnages. L’image de ce pays que le texte nous renvoie n’est pas très positive, mais rend ces personnages originaux, peu lisses. La narratrice fait peut-être même preuve parfois de mauvaise foi, mais en toute sincérité on quitte ce roman à regret. J’aurais bien fait encore un petit bout de chemin avec ces personnages !