Prénom: Clotilde
de Cecil Saint-Laurent

critiqué par CC.RIDER, le 31 janvier 2015
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Une résistante toujours amoureuse
En 1941, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Clotilde et Jean-Marie franchissent en toute illégalité la ligne de démarcation et trouvent refuge à Canisy, le village natal de Clotilde où elle a encore des amis et des connaissances qui peuvent la cacher et lui prêter main forte. Jean-Marie est un ami rencontré à Vichy. Il transporte une très lourde valise cachant un émetteur-récepteur qui devrait lui permettre d'entrer en contact avec Londres. Il œuvre pour la Résistance qui en est à ses premiers balbutiements et envisage même de fonder son propre réseau. Mais les habitants du village ainsi que les membres de la famille de Clotilde sont plutôt méfiants vis à vis de lui. Ils subodorent quelque chose de bizarre. Assez rapidement, Clotilde passe de la simple amitié entre camarades de combat à l'amour physique le plus torride. Et pourtant, elle dit ne pas aimer Jean-Marie qui a le double de son âge...
« Prénom Clotilde » peut être considéré comme un roman historique et sentimental ou comme un roman sentimental à arrière-plan historique. Il fait partie d'une trilogie consacrée à une jeune héroïne, belle, courageuse et n'ayant pas froid aux yeux. Une femme libérée avant l'heure qui collectionne les aventures avec une belle mentalité de don Juan en jupon. Cecil Saint Laurent, pseudonyme sous lequel Jacques Laurent écrivit toutes ses œuvres de littérature populaire, a ainsi une prédilection pour ce genre de personnage féminin proche des « Caroline », « Hortense » ou « Sophie ». Il aime les placer dans des situations difficiles comme des périodes de guerre et leur prête des conquêtes nombreuses. Mais cet aspect peut sembler assez secondaire car le principal intérêt de ce livre réside plutôt dans son contexte historique fort bien rendu. Avec Clotilde, le lecteur voyage de Paris à Alger en passant par Londres, par un chantier de jeunesse et même par la Syrie. Les aventures sont nombreuses et assez bien établies historiquement en dépit de leur aspect romanesque prononcé. Le lecteur pourra ainsi découvrir Londres sous les bombardements, les luttes pour le pouvoir à Vichy, le débarquement américain en Afrique du Nord et même jeter un œil dans les coulisses de l'assassinat de l'amiral Darlan qui représenta un tournant dans la guerre. Il évaluera les implications de différents personnages historiques, Giraud, Juin, Churchill, mais aussi de Gaulle et le comte de Paris qui ne fut pas le dernier à la manœuvre. Bien écrit, divertissant, ce livre est encore agréable à lire aujourd'hui mais sans se faire trop d'illusions sur les facilités d'une « recette » qui rencontra un immense succès en son temps.