Le gène : Un concept en évolution
de Jean Deutsch

critiqué par Colen8, le 28 janvier 2015
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Réflexions sur la génétique
Même les généticiens sont loin d’avoir tout compris des lois de la reproduction et de leurs corollaires que sont l’hérédité et le développement. Pas plus qu’on ne sait précisément expliquer l’évolution des êtres vivants. La génétique est une science des petits pas, ponctuée de théories qui se succèdent et souvent se contredisent. C’est ce que raconte cette histoire sans fin. Elle a été écrite depuis la révolution industrielle par d’innombrables figures marquantes dont une vingtaine présentées sous forme de brèves biographies.
Les pionniers après Lamarck, Darwin avec la sélection naturelle puis Mendel avec la transmission de caractères, sans grands moyens ni l’un ni l’autre, ont eu des intuitions qui ont conduit à une théorie synthétique de l’évolution. Leurs successeurs, biologistes, généticiens, chimistes, physiciens, embryologistes, ont développé la notion de gène chromosomique comme support de l’hérédité. Spécialistes de la recherche théorique et expérimentale, ils ont accumulé les prix Nobel. Ce fut le cas de Crick et Watson pour la double hélice d’ADN, ou plus près de nous de François Jacob et Jacques Monod sous la direction d’André Lwolf. Et naturellement les mathématiques s’en sont mêlées, notamment pas le biais des statistiques.
La biologie moléculaire qui a été une période particulièrement féconde, a suscité énormément d’espoir et abouti au séquençage des génomes. Partie sur des hypothèses trop simplistes, la relation linéaire de l’ADN : un gène code une protéine, elle s’est retrouvée dans une impasse. Ayant constaté que seule une petite partie de l’ADN était codant (5% dans le génome humain) on a un peu facilement ignoré le reste. La métaphore du code génétique et du programme de traduction empruntée à l’informatique naissante a conduit à bien des erreurs d’interprétation. Cette partie non codante a des fonctions complexes et multiples de régulation qui pourraient expliquer l’évolution. Le vivant qui résulte d’interactions entre cellule et environnement, a plus d’un tour dans son sac. Universel et constant, le génome a aussi permis cette diversité inouïe produite par l’évolution, à commencer par la différenciation cellulaire, un fameux paradoxe.
C’est une lecture ardue pour un profane, mais un sujet fondamental qui mérite le détour.