Le déroulé du récit n'est pas toujours évident.
Des flashback codifiés par l'écriture en italique mais sans indication temporelle ou spatiale surviennent sans qu'il soit aisé d'en comprendre la teneur ni la raison de leur apparition. Le lecteur doit bâtir des hypothèses qu'il lui faudra tenter de consolider par la suite. Il y arrivera mais cela, à mes yeux, n'apporte rien au roman, au contraire cela éloigne le lecteur du récit lui-même, l'éloigne des personnages.
L'auteur a opté pour que le héros principal soit la narratrice mais par moment, ses propos sèment la confusion à tel point que l'on se demande qui parle.
Ces critiques restent cependant mineures lorsque l'on considère l'ensemble de l'ouvrage.
Les personnages découvrent leur parcours au lecteur, au fil de l'histoire, au gré de leurs agissements, de leurs interrogations, de leurs rencontres.
L'un des grands intérêts de ce roman porte sur le parcours du héros principal Marianne/Marion, du comment elle a voulu mener sa vie, de la façon dont elle a géré certains moments, du questionnement qu'elle effectue sur sa façon de gérer ces événements, de la pertinence de cette gestion. Son questionnement porte également sur le parcours de vie de tout un chacun du déterminisme, du fatalisme, sur le regard pris avec ou sans recul. Toutes ces questions ne peuvent que trouver écho en tout un chacun.
Lorsque l'on referme ce livre, on ne quitte pas seulement des personnages, on se retrouve avec soi-même, avec une suggestion sur la façon de regarder les choses de la vie.
Une histoire pleine de drames, de violences mais dans un récit tout en douceur, tout en tact, tout en sensibilité, sans pathos, avec le cruel du quotidien et la beauté de chaque jour.
Un livre sans ostentation, sans pédantisme, sans vanité, mais riche d'humanité, de questionnement, de découverte de nouveaux regards.