Sur les épaules de Darwin : Retrouver l'aube
de Jean Claude Ameisen

critiqué par Colen8, le 13 janvier 2015
( - 82 ans)


La note:  étoiles
« …cousins des oiseaux, des arbres, des papillons et des fleurs… »
On reste dans la veine des précédents volets de cette série très particulière mêlant science, philosophie, littérature et poésie. Après la naissance du temps de l’univers, après l’apparition du vivant, nous voici ramenés à l’émergence de l’humain, à sa formidable aventure racontée une fois encore sous forme de conte.
Retrouver l’aube, remonter à la préhistoire de notre naissance. Des traces de pas quelque part dans l’est africain il y a 3 millions d’années, d’autres sur le sol anglais il y a 800000 ans, et puis la découverte du feu. C’est alors que tout s’enchaîne avec une rapidité inouïe. La cuisson des aliments libère de l’énergie, le cerveau s’en empare, les veillées autour du feu nourrissent les récits fondateurs, entretiennent les relations sociales, la culture naissante affranchit peu à peu les hommes de la nature.
Voir, et c’est la construction du sens esthétique, entendre le paysage des sons et c’est développer le chant, la mélodie, la musique instrumentale, inventer le langage. Echanger, communiquer, dialoguer avant d’avoir appris à parler, tout notre héritage évolutif selon Darwin maintenant confirmé par les neurosciences, a contribué à cette conscience de soi qui nous caractérise. Quant à la conscience des autres, on a compris qu’elle est au fondement de l’empathie, de la bienveillance, bref de l’altruisme.
Le chat, compagnon solitaire et sauvage, animal totémique parfois assimilé à une divinité, est célébré par le poème triste et touchant de Joachim du Bellay, les amis du chat se régaleront. De longues digressions empruntées à des auteurs, à des poètes réputés alternent avec les dernières publications des revues savantes à comité de lecture, Nature, Science, Plos One et autres. Il y a de la magie dans cet ouvrage.
Sur les traces de nos origines lointaines et disparues , mais toujours intimes 10 étoiles

On a coutume d’évoquer l’arbre de l’évolution , mais nous sommes renvoyé à l’image du corail dont les branches ne font pas que s’écarter mais se rejoignent également. C’est le cas notamment des lignées d’hommes qui ont précédé l’homme moderne. Nous avons pour une partie de l’humanité 2 à 3% en moyenne de l’homme de Neandertal dans notre ADN (et 20 à 40% de l’ADN de Neandertal serait , en total cumulé, répartis dans les ADN des hommes actuels ! On a retrouvé également des traces de l’ADN de " l’homme de Denisova" dans nos ADN . D’où vient notre connaissance de " l’homme de Denisova" : d’un petit morceau de phalange mélangé à des os de Néandertal. Pour JCA ce qu’il reste de l’homme de Denisova c’est comme le sourire du chat du Cheshire après la disparition de l’animal dans Alice au Pays des Merveilles.
Ainsi de chapitre en chapitre l’auteur nous fait ressentir l’émotion et la fascination de la recherche du passé à travers les traces que celui-ci a laissées dans le monde vivant : à travers la génétique dans les mitochondries et les chromosomes , dans les traces de pas apparues fugitivement sur une plage , dans le fonctionnement des cerveaux , dans les chants , les langages , les comportements des animaux. Et même dans des grottes habitées il y a des dizaines de milliers d’années lesquelles on essaie de mettre en relation les propriétés acoustiques avec la position des fresques rupestres. Déjà à l’échelle individuelle l’héritage du passé nous est transmis de l’aube de la naissance dont « les premiers éclats de notre mémoire sont perdus dans les brumes de l’amnésie de notre toute première enfance »

Nav33 - - 76 ans - 1 février 2015