Une seconde vie de Dermot Bolger

Une seconde vie de Dermot Bolger
(A second life)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Myrco, le 10 janvier 2015 (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 74 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 814ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 4 119 

Décevant...

La trame : "Une seconde vie" s'ouvre sur une expérience de mort imminente telle que nous l'ont déjà décrite de nombreux témoignages de survivants à une mort clinique (décorporation, accueil par des proches décédés...), conséquence d'un accident de voiture que nous relate la victime Sean Blake, le narrateur. Dès lors, suite à cet évènement qui joue le rôle de déclencheur, ce personnage nous entraîne, entre souvenirs, rêves, visions et réalité présente, dans une quête identitaire à la recherche de ses origines et notamment à la rencontre de sa mère biologique puisque le lecteur apprend très vite qu'il fut un enfant adopté à l'âge de quelques semaines seulement.

Disons d'emblée que je n'ai pas été du tout convaincue par l'angle, je devrais dire les angles d'approche, Dermot Bolger nous engageant, à mon sens, dans beaucoup trop de directions à la fois.

Il nous indique, en note d'ouverture, que "L'adoption est le thème central du livre" thème universel qu'il traite effectivement, sans toutefois parvenir à éviter la banalité de certains clichés même s'il nous livre par ailleurs une analyse fine et crédible du ressenti des différents protagonistes, qu'il s'agisse de l'enfant, du même devenu adulte dans sa relation avec ses propres enfants, des parents adoptifs ou de la vraie mère (les quelques passages qui évoquent la souffrance de celle-ci, ses errances à la recherche de son "petit garçon bleu" sont sans doute les plus émouvants).

Beaucoup moins bateau était le choix d'insérer ce parcours individuel dans le contexte spécifique de l'Irlande très catholique de l'après seconde guerre mondiale (son personnage né en 1956 a environ 35 ans dans le présent du roman), une Irlande bien peu reluisante, rongée par la ségrégation sociale (édifiante scène de la nappe!) et plus encore par le démon de la respectabilité, pourrie par la culture du mensonge, de la honte et du secret, une Irlande dans laquelle, au mépris de toute humanité, les familles, l'Etat, les institutions religieuses se sont donné la main pour rendre invisibles de jeunes filles-mères en les enfermant dans des couvents où elles étaient humiliées et surexploitées. Dans cette réalité là, il y avait matière à puiser, développer et approfondir et nous offrir un contenu beaucoup plus intéressant que ce à quoi il s'attache dans le roman, préférant opter pour une réalité plus édulcorée: Lizzy, la mère, échappera au sort de beaucoup de ses congénères en se voyant "offrir" une seconde vie même si elle lui demeurera étrangère, Francis/Sean par la grâce de l'adoption ne connaîtra pas le sort terrible des orphelins enfermés dans les écoles industrielles que l'auteur ne fait que mentionner rapidement au passage. Bien sûr, Bolger évoque cette réalité mais s'il la dénonce, il choisit délibérément de ne pas s'appesantir. Il ira même jusqu'à dédouaner en partie les acteurs passifs et actifs de cette entreprise de coercition (Tom, Mrs Lacey, Sœur Théresa) les présentant eux aussi comme des victimes du système comme s'il voulait en parler sans trop en parler, dénoncer sans trop dénoncer et accréditer au final une image "purifiée" de l'Irlande d'aujourd'hui.
Cela est d'autant plus probant que cet ouvrage écrit ou plutôt réécrit en 2010, est en réalité la version totalement remaniée d'une première version écrite en 1993 dont Bolger avait interdit la réimpression estimant qu'il était alors "parti sur une note fausse car dans le feu de l'écriture (il) avai(t) chargé Sean Blake de trop de colères et de comptes à régler". Peut-être aurais-je justement préféré cette première version...

Il est encore un autre versant de l'ouvrage qui me paraît discutable. Je laisserai de côté l'aspect parfois un peu cousu de fils blancs, les hasards un peu faciles qui jalonnent l'avancée du personnage dans son enquête à la recherche de son identité ou encore les digressions footballistiques qui m'ont ennuyée (mais cela est personnel). Mais était-il besoin de noyer tout cela dans une dimension pseudo-fantastique où l'incursion récurrente du para-normal, loin de servir le propos dans le contexte, ne fait à mon sens que l'obscurcir et diluer la force éventuelle de l'émotion et de la dénonciation sans compter qu'elle nous abandonne à quelques interrogations sans réponses (à moins que je ne sois passée à côté) ?

En conclusion, ce premier contact avec l'œuvre de Dermot Bolger, probablement sans suite, m'aura profondément déçue tant par la qualité littéraire proprement dite que par la posture ambiguë de l'auteur. A son crédit, le roman peut néanmoins constituer une bonne incitation à se pencher plus avant sur ces scandales qui entachent le passé récent de l'Irlande (le dernier couvent de ce type n'a fermé qu'en 1996 !).

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

La mémoire et l'oubli

5 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 24 août 2015

L'ouverture du livre est probablement ce qu'il y a de moins bien réussie dans Une seconde vie, à tel point que j'ai vraiment peiné à m'immerger dans le récit. Je dirais d'ailleurs comme l'a fait Myrco dans sa critique : était-il vraiment nécessaire de faire subir à Sean Blake, le protagoniste principal, cette « expérience de mort imminente » ainsi que, plus tard dans le roman, ces visions liées à une vie antérieure ? Dermot Bolger aurait sans doute pu se passer assez facilement de ces références au paranormal, très « marc-lévyssienne ». Elles n'apportent pas forcément grand-chose à un récit qui avait suffisamment de matière pour se suffire à lui-même.

Heureusement que, chemin faisant, on constate que Une seconde vie a aussi bien d'autres qualités. Chronique des mutations sociales de l'Irlande, le roman sait se montrer à la fois sensible et émouvant. Les relations, parfois difficiles, entre Sean Blake, son épouse et ses enfants m'ont par exemple particulièrement touché, et m'ont paru très justes ; le passage de la confrontation du narrateur avec son oncle biologique livre, quant à lui, avec force, les fêlures des hommes, et leurs fragilités.

Au-delà de la thématique de l'adoption, il me semble que Dermot Bloger place les questions relatives à la mémoire au centre de son récit : par l'intrigue elle-même bien sûr, montrant Sean Blake remuant le passé ; par la place très intéressante de la photographie prise dans le livre, la photographie qui fixe les choses qui passent mais qui peut aussi les déformer (comme les cartes postales d'une Irlande édulcorée vendue par le père adoptif de Sean) ; enfin, il est frappant de voir que les témoins vieillissant du passé que rencontre le narrateur sont tous atteints de troubles de la mémoire, oubliant, ou altérant la "vraie" réalité.

S'il est donc assez inégal, Une seconde vie est malgré tout, en nous interrogeant sur la filiation et sur ce qui fonde nos identités, un roman que j'ai globalement plutôt apprécié.

Magdalena Sisters...

9 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 5 août 2015

Romancier irlandais né en 1959, Dermot Bolger est une figure célèbre de la littérature anglo-saxonne. Auteur prolifique de romans et pièces de théâtre primés.
"Une seconde vie" traduit de l'anglais (Irlande) par Marie-Hélène Dumas (Editions Joëlle Losfeld) parait en 2012.

Coventry (West Midlands-Angleterre); Lizzy erre comme une âme en peine, sillonnant les rues des heures durant sans but avoué.Toute jeune femme irlandaise adultère, elle a dû se séparer de son enfant à la naissance.
Dublin (Irlande); Sean Blake, photographe quadragénaire marié et père de famille, est victime d'un grave accident de voiture. Il est déclaré cliniquement mort un bref instant.Un électrochoc qui remet en question son existence et l'éloigne de sa femme. Sean part alors en quête de ses racines: adopté alors qu'il était nourrisson, il n'a jamais cherché jusque-là à connaître sa véritable mère, et savoir qui elle était lui paraît soudain vital.
L'histoire de la recherche d'un double passé enfoui: passé d'un homme et d'un pays. Cette "seconde vie" qui lui a été donnée doit avoir un sens: la quête de son identité.
Une oeuvre riche et dense, Dermot Bolger explore les liens de filiation avec justesse et d’émotion.

Un roman émouvant, bouleversant qui raconte une Irlande dure où le poids d’une société respectable et d’une église intransigeante brise la vie des jeunes filles devenues filles-mères. Le livre essaie de résoudre la question de savoir en quoi nos origines nous définissent lorsque l’on a été abandonné.
Un moment de lecture unique !

Découverte du passé familial

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 17 avril 2015

Ce sont les conditions de vie dans les années 50 de femmes qui ont « fauté » dans une Irlande traditionnelle, catholique et pauvrement instruite que décrit en filigrane ce livre. Et ceci à travers la quête du narrateur, photographe dublinois, qui revient sur son enfance. Sa mère biologique, qui explique les circonstances de son acte et ses regrets cachés par une nouvelle vie honorable, est une seconde narratrice qui intervient dans quelques chapitres autonomes, sans autre lien que leurs attentes respectives de retrouvailles.

La lecture est linéaire avec parfois quelques passages mystiques, qui brouillent un peu le récit à mon sens, de morts regardant les vivants !

L'histoire montre la soif soudaine, après un accident de voiture, qu'a un homme dans la trentaine, de retrouver sa mère biologique. Il sait depuis l'âge de 11 ans qu'il a été adopté par ceux qu'il considère comme ses parents aimants. Le fait qu'il ait risqué de perdre ses 2 jeunes enfants le fait s'interroger sur la femme qui l'a abandonné en laissant une adresse, devenue illisible après lavage, cousue dans un ourlet de vêtement.

IF-0415-4330

Il ne faisait pas bon être fille-mère en Irlande …

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 6 mars 2015

La religion catholique qui prône l’amour du prochain et le pardon ne s’est pas toujours montrée si compatissante en Irlande. Et notamment vis-à-vis des filles-mères et des enfants nés hors mariage.
Dermot Bolger nous en fait la démonstration via Sean Blake, un mari – père de famille dans la force de l’âge qui réchappe de justesse à un accident de la circulation au cours duquel il aurait dû laisser sa peau. D’ailleurs, sa peau il l’a perdue quelques instants. Mort clinique, expérience de sortie du corps. Tenté d’être happé définitivement par la lumière intense du bout du tunnel, il est rattrapé par la vie, réintègre son corps mais … mais rien ne sera plus comme avant ; une seconde vie.
Sean ne s’en remet pas, mais surtout, il a capté un visage parmi ceux qui l’attendaient au-delà de la vie qui l’obsède. Qui l’obsède parce qu’il ne le remet pas. Il pressent que c’est quelque chose d’important mais qui ? mais quoi ?
Et puis Sean Blake tout à coup se sent terriblement concerné par ce qu’il sait – et surtout ce qu’il ne sait pas - de lui dans sa toute prime enfance ; à six semaines, il a été retiré à sa fille-mère de mère et confié à un couple adoptif, ses parents, mais quid de sa mère ? De celle qui l’a mis au monde ? Il ne sait rien d’elle et rongé de culpabilité, il va se mettre en quête, en cachette de sa famille, de cette mère biologique.
Et ça n’est pas simple, le secret est bien gardé. Sa famille pense bien que Sean a définitivement déraillé. Qu’il n’est plus le même, qu’il devient incapable de travailler. Son couple commence à battre de l’aile pendant qu’il s’épuise en chimériques recherches. Et toujours ce visage qui revient en boucle dans sa mémoire …
Un côté pas très joli du rigorisme catholique comme on l’exerçait dans les institutions irlandaises. On n’a pas de peine à y croire et Dieu que c’est violent. Décidément les romans irlandais ont une âpreté à nuls autres pareille. Mais le pays est effectivement âpre, et son histoire aussi.
Mais bon, Sean Blake s’ouvre une seconde vie. Il peut dire merci à Dermot Bolger !

Tout le monde est coupable

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans) - 11 février 2015

Voila un roman assez marquant par le sujet qu'il aborde : celui des jeunes filles qui accouchaient en secret dans l'Irlande puritaine des années 50. Dans cette Irlande obsédée par la respectabilité et la honte du péché, les vices devaient à tout prix être cachés, au prix de la plus élémentaire compassion.

J'ai trouvé que l'auteur mène vraiment bien son récit, entre le passé et le présent, en s'attachant à décrire les liens familiaux. L'auteur introduit en outre un soupçon de surnaturel dans son histoire, et contrairement à Myrco, j'ai bien aimé cet aspect du livre.

J'ai surtout trouvé très touchant le portrait de cette famille détruite par cette grossesse hors mariage : la jeune femme qui n'est autorisée à aller sur la tombe de sa mère qu'en cachette et la nuit, le frère prêtre qui avait aussi son propre secret, les religieuses qui pensaient oeuvrer pour le mieux... tout le monde est coupable et personne ne l'est à la fois.

Retour dans le passé

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 8 février 2015

Sean Blake, photographe de 35 ans a tout pour être heureux: une femme qu'il aime, deux beaux enfants. Mais lors d'un grave accident de voiture, il va vivre "l'expérience de mort imminente" dans laquelle il reconnaîtra les visages accueillants qui l'attendent mais aussi le visage antipathique d'un inconnu qui le préoccupe.
Son retour à la vie est très difficile. Il n'arrive pas à reprendre le cours de sa vie "d'avant", particulièrement à cause de "visions", de "flashes" d'un passé dont il n'a aucune mémoire, et qui ne peuvent appartenir à sa propre vie. Il décide alors de partir à la recherche de sa mère biologique, comprenant qu'il a occulté son adoption révélée lors de son onzième anniversaire.
Sa recherche le mènera dans l'Irlande des années 50.
"Je cherche un fantôme... Par où commencer pour trouver un jeune homme sans nom, dont je n'étais même pas certain qu'il eût existé ?
Tout ce que j'avais, c'étaient des fragments de rêves."

Au début de l'histoire, j'avoue avoir été intéressée moyennement par cet homme qui, même après une expérience aussi traumatisante, abandonne femme et enfants pour errer dans ses souvenirs.
Mais Dermot Bolger sait nous toucher en nous plongeant dans les années sombres d'une Irlande rurale, dans la douleur de ces filles-mères, dans la puissance du "Paraître" des familles villageoises.
On ne peut être qu'ému en lisant certaines lignes, impossibles à dévoiler tant le suspense participe au plaisir de cette lecture.
Un livre touchant, même si je n'ai pas toujours apprécié les "visions" du héros, mais où j'ai éprouvé de l'empathie pour cette jeune femme qui n'a pas eu de choix.

Fils de ?

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 6 février 2015

Ce livre écrit une première fois en 1993 est directement influencé, selon l’auteur lui-même, par le vote, en 1990, de la loi autorisant les enfants abandonnés et les mères privées de leur bébé à lancer officiellement des recherches pour retrouver qui leurs parents, qui leur enfant né hors mariage. L’auteur a croisé, alors qu’il allait poster son manuscrit, trois survivantes de la blanchisserie des Sœurs de la Madeleine, les fameuses Magdalena Sisters qui ont fourni le thème et le titre du célèbre film de Peter Mullan. Le thème central de ce livre est donc l’adoption, l’intrigue du roman se tisse autour de l’histoire d’une mère célibataire – qui pourrait faire partie de la longue liste des Magdalena Sisters - à qui on a arraché son bébé à la naissance et de celle de son fils, deux histoires, deux vies, comme deux lignes parallèles qui n’auraient jamais dû se croiser mais qu’un coup du sort, un accident totalement imprévisible, parfaitement aléatoire, a dévié de leur trajectoire respective rendant leur convergence possible.

A Dublin, Sean, un photographe, est victime d’un accident de voiture, son cœur s’arrête pendant un bref instant pendant lequel il est spectateur de la scène de l’accident et témoin d’autres événements surgis du fond de sa mémoire. Il revoit ainsi un visage qui le hante jusqu’au fond de ses rêves, jusque au bout de sa convalescence et même encore après. A Coventry, Lizzy, une vieille Irlandaise victime d’un cancer en phase terminale se souvient de la vie qu’elle a menée avant de fuir en Angleterre et d’y fonder une famille, une vie qu’elle a toujours gardée secrète, une vie douloureuse de mère adultère très jeune à qui on a arraché son enfant pour le confier à une famille adoptive. Ses filles et leur conjoint la croient folle car elle est convaincue que le garçon bleu, le bébé qui avait des yeux bleus, va venir le chercher.

Son accident a changé la vie de Sean, il est hanté par ce qu’il a vu, par ces visages connus ou non qui semblent vouloir l’entraîner vers des lieux qu’il aurait fréquentés dans un autre temps. Il ne peut résister à cette attirance et comprend qu’il faut qu’il cherche sa mère génétique qu’il n’a jamais connue et qu’il a même cachée aux autres pour ne pas être le mouton noir, celui qui a été adopté. Tout le roman n’est que cette longue quête qui entraîne Sean sur les routes d’Irlande, sur les pas d’inconnus qu’il a cru reconnaître lors de son arrêt cardiaque, sur des pistes à peine esquissées par des indices infimes.

Ce livre est, à l’image du film de Peter Mullan, un violent réquisitoire contre les pratiques irlandaises à l’endroit des mères adultères et de leurs enfants illégitimes, il dépeint sans aucune concession la douleur ressentie aussi bien par les mères que par les enfants et l’hypocrisie cynique des familles et du clergé, principaux acteurs de ces drames atroces où violences et cruauté se disputaient la vedette. Il donne la parole aux victimes : aux mères écrasées par la honte, le remord et la culpabilité, et aux enfants stigmatisés, marqués au fer de la honte pour le reste de leurs jours. Il dit aussi l’impossibilité de parler, d’évoquer ce drame, l’obligation de vivre toute sa vie avec cette chape de plomb déposée sur leur tête sans vergogne par une société archaïque, cloîtrée dans son passé, terrorisés par sa religion. Il veut aussi rendre hommage à ces pauvres femmes qui souvent « s’étaient simplement trouvées en travers du chemin de leurs proches, sœurs trop laides pour être mariées ou tantes considérées comme bizarres… », des êtres traités moins bien que des animaux qu’il fallait cacher.

Même si ce texte comporte quelques longueurs et que la quête du héros emprunte parfois des routes encore plus sinueuses que celles qui serpentent dans le comté de Laois, il dépeint bien cette Irlande qu’on aime pour sa magie mais aussi cette Irlande si souvent outrancière, cruelle et implacable qui a parfois si mal aimé ses enfants. Malgré toute cette douleur, l’auteur est allé, au bout de sa quête, de son calvaire, de l’émotion qui imprègne certains passages pour accepter son sort dans un grand élan de résilience. Un livre qui n’a certainement pas été réécrit, comme le précise l’auteur, par hasard, le film de Mullan est passé par là et le grand débat sur la filiation qui a eu lieu en France n’y est peut-être pas pour rien non plus même si la traduction date de 2012. Alors la filiation génétique prévaut-elle sur la filiation affective et éducative ? Chaque lecteur trouvera peut-être sa réponse dans ce livre.

Forums: Une seconde vie

  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  Une question 13 Myrco 8 août 2015 @ 13:06

Autres discussion autour de Une seconde vie »