Les invasions biologiques
de Jean-Claude Lefeuvre

critiqué par Colen8, le 9 janvier 2015
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Une approche nécessaire et non suffisante de l’écologie
Le phénomène remonte à la nuit des temps. Les espèces végétales, animales, les champignons, les parasites, virus, bactéries n’ont cessé de migrer naturellement ou par toute forme de transport. On les savait capables de s’adapter à de nouveaux environnements, sous de nouvelles latitudes au détriment de populations endémiques. On a cru bien faire en important des plantes pour l’alimentation, pour les jardins, pour enrichir des collections, en acclimatant des animaux domestiques et de compagnie. Les uns et les autres ont été accompagnés d’hôtes indésirables avec leurs cortèges de catastrophes : phylloxéra de la vigne, doryphore de la pomme de terre, chrysomèle du maïs, plus récemment les algues vertes le long du littoral breton. Une conscience accrue du danger s‘est éveillée au-delà des cercles étroits de militants écolos et de laboratoires spécialisés.
D’abord la croissance exponentielle de certaines de ces espèces fragilise les écosystèmes, menace la biodiversité, provoque la disparition d’espèces endémiques que rien ne pourra remplacer. Ensuite il y a des risques sanitaires et sociaux favorisés par la prolifération d’éléments toxiques voire pathogènes bien réels liés à des micro-algues, à des parasites, à des virus aviaires. Enfin, les milliards d’euros/an que coûtent déjà toutes ces nuisances justifient une mobilisation mondiale autant politique et juridique que scientifique.
Les zones insulaires sont les plus fragilisées. Ce sont aussi celles où l’observation des causes et des effets sont les plus faciles. Beaucoup d’erreurs passées ont permis de prendre la mesure de l’urgence. La complexité phénoménale des interactions en cascades de nature biologiques, physico-chimiques, génétiques, climatiques nécessite des bases de données mieux renseignées, des modèles plus systémiques, des moyens d’éradication plus efficaces, enfin des budgets à la hauteur des enjeux. On a encore beaucoup à apprendre sur l’histoire de vie des espèces en question aux échelles à la fois locales et globales. Certains pays, l’Australie et la Nouvelle-Zélande par exemple l’ont compris bien avant l’Europe, en retard de ce point de vue. Les appellations savantes des espèces concernées loin d’être un obstacle à la lecture, sont le signe que la communauté scientifique s’est emparée de la question. Elle s’efforce de lui trouver des solutions sous le contrôle coordonné des décideurs dans les différents pays et des institutions internationales.