La Petite Mort Tome 2: Le secret de la licorne-sirène
de Davy Mourier

critiqué par Blue Boy, le 2 janvier 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Drôlement macabre !
La suite des aventures de la Petite Mort, funeste et mignon rejeton d’un couple de faucheurs. Cette année, il se prépare à entrer au collège avec son meilleur ami Ludovic, leucémique et un peu benêt. C’est dans ce contexte que la vie de la famille Mort va se trouver perturbée par la découverte.. d’un squelette dans le placard.

Très bonne surprise que cette BD, aussi inattendue que décalée, joyeusement macabre, que je découvre sans hélas avoir lu le tome 1, mais cela n’est aucunement gênant pour la compréhension. Tout d’abord, un bon point pour cette couverture d’un noir funèbre mais délicieusement veloutée, plaisir du toucher…

Avoir eu l’idée de faire une BD humoristique sur une famille de squelettes faucheurs vivant comme n’importe quelle famille humaine, du moins cherchant à y ressembler, avec ses préoccupations terrestres quotidiennes, je trouve que c’est carrément mortel !

Le dessin à la fois stylisé et cartoonesque (je ne savais pas que des orbites vides pouvaient être aussi expressives) et la mise en page en font un objet très graphique, avec des cases (évidemment) cernées de noir et un petit os pour séparer chaque strip, des digressions dans un style totalement différents, notamment des fausses pubs « saignantes » (Killer surprise) ou des parodies macabres de Hello Kitty (« Hello Kittu »). Ça ressemble à une espèce de collage improvisé mais ça donne quelque chose de paradoxalement très vivant, presque joyeux, souvent déconcertant mais souvent drôle aussi. Glacial à souhait, cet humour noir pour vieux enfants conscients de l’horloge qui tourne grince comme des articulations de nonagénaire, on entendrait presque tinter les chaînes de la faucheuse ricanant, mais avec un côté candide incarné par le personnage de la Petite Mort, double funéraire d’un Caliméro sous Prozac, assez touchant, car oui, il y a un cœur sous cette cape. On n’oubliera pas certains autres personnages, celui de Pépé Mort, « squelette sorti du placard », moitié gouailleur moitié philosophe, et celui de Ludovic, le seul ami de la Petite Mort, cancre acnéique d’une bêtise confondante mais bidonnant à s’en faire péter les côtes.

Gothique, insolite, décalé, déconcertant, surprenant, hilarant, philosophique… Les adjectifs ne manquent pas pour définir l’ouvrage. A sentir le souffle de cette Mort-là, mes tibias et mes fémurs ont entrepris une danse macabre drolatique et mon âme s’est subitement réchauffée à l’intérieur de mon crâne. Croyez-le, Davy Mourier tient plus de l’oiseau de paradis que de mauvais augure. Avec lui, si la mort fait trembler, c’est seulement de rire. Elle est rendue inoffensive, devient même attachante, et se paie même le luxe d’apparaître en réalité augmentée sur certaines pages pour les plus geeks d’entre nous ! N’ayez donc pas peur d’adopter cette faucheuse, et soyez enfin le weirdo que vous avez toujours rêvé d’être !