Pouvoir se taire, et encore
de Marie-Sophie Vermot

critiqué par Cyclo, le 1 janvier 2015
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
une adolescence difficile
Il n'est pas interdit de s'interroger sur le mystère de l’adolescence, de cette adolescence qu’à vrai dire, on n'a peut-être soi-même jamais quittée.
Ce moment-clé, qui peut être tragique, surtout si on ne correspond pas à la norme : si on ressemble à un jambonneau, comme l’héroïne de Marie-Sophie Vermot, Dina, dans "Pouvoir se taire, et encore". Dina, à seize ans, a un très beau visage, mais elle est grassouillette, et son petit ami, Vincent, qu’elle croyait sincère, la quitte définitivement après la première fois qu’ils ont fait l’amour. Ce qui d’ailleurs n’a pas laissé de souvenirs impérissables à Dina : mais s’entendre traiter de jambonneau la tue. Quel avenir lui reste-t-il ? « Trop de choses changeaient ces temps-ci, et trop vite. Au-delà des contours protecteurs de son enfance grondait le monde des autres. » Elle décide donc de maigrir, et ne mange plus. Au bout de quelque temps, elle finit en hôpital psychiatrique, où on tente de la gaver. Il faudra bien de la patience à une psychologue avisée pour faire comprendre à Dina qu’il y a encore une espérance de vie et de place pour elle. Malgré la façon dont elle découvre le monde des adultes, de ses parents, divorcés, par exemple : « Elle se demanda s'ils étaient heureux. En réalité, très peu de gens le sont. La plupart s'estiment satisfaits. On peut se satisfaire d'une situation, l'accepter, sans pour autant être heureux. Beaucoup de gens vivent ainsi, qui s'imaginent que tel est leur destin et qu'il ne sert à rien de se battre ne de protester. »
Terrible, de penser ça, à seize ans, quand on n‘est justement pas à l‘âge de l‘acceptation passive, mais plutôt à celui de la protestation.