Lire J.R.R. Tolkien
de Vincent Ferré

critiqué par Vince92, le 16 mars 2016
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Comprendre l'oeuvre de Tolkien
La sortie des deux trilogies de Peter Jackson a relancé l'intérêt du grand public vers l'oeuvre de Tolkien qui était jusque là restée cantonnée au petit cercle d'amateurs de Fantasy (Fantaisie).

Injustement cantonné à son rôle d'auteur pour enfants, Tolkien a enrichi la littérature mondiale d'une oeuvre multiple et foisonnante. Il y a certes des livres pour enfants (Les lettres au Père Noël, Roverandom, Le Hobbit) mais il y a aussi son grand'oeuvre, le Seigneur des Anneaux et à côté, un corpus de textes qui forme la cosmogonie de la Terre du Milieu dans une logique que les éditeurs de son oeuvre (au tout premier plan desquels son fils Christopher) tentent encore de démêler.
Ces textes, empreints de poésie et riches de leur sens multiple, et parfois complexe (Tolkien rêvait secrètement d'établir une mythologie cohérente à la Grande-Bretagne), sont édités au fur et à mesure, puis traduits en français.
L'Université en France s'est emparée de la matière "tolkienienne" et publie thèses, articles, organise des colloques sur cet univers qui s'offre véritablement au public français depuis 40 ans seulement avec, on l'a dit, une accélération au début des années 2000. C'est justement un universitaire, grand spécialiste de l'auteur, Vincent Ferré qui regroupe dans ce livre publié directement chez Pocket (l'éditeur de poche de Tolkien, Christian Bourgois étant son éditeur historique), ce livre, compilation d'articles donnés à des revues spécialisées ou publiés originellement sur Internet.
Autant le dire tout de suite, la cohérence de l'ensemble en souffre: on passe de chapitres très intéressants comme le lien essentiel de l'oeuvre de Tolkien à sa profession qui était celle de professeur de philologie, ou bien le sens politique qu'il donne aux actions de ses héros à des chapitres plus anecdotiques comme l'histoire de la réception de l'oeuvre en France ou celle des adaptations cinématographiques. D'autres chapitres sont très savants, ceux notamment contenus dans la troisième partie de l'ouvrage (Représentations et recréation du Moyen Âge), sur les figures de l'amour notamment.
On a donc un livre très déséquilibré qui tient à sa nature même et l'on a du mal à comprendre pourquoi certaines parties ont été ajoutées au texte. L'auteur aurait dû se restreindre aux articles qui donnent une explication sur la genèse et le développement de l'oeuvre.
L'ensemble est cependant très intéressant mais il n'éveillera l'attention que des seuls véritables amateurs du genre, la fantasy et plus encore, de l'oeuvre du maître d'Oxford.