Les lapins ne meurent pas
de Savatie Baştovoi

critiqué par Pucksimberg, le 23 décembre 2014
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
La jeunesse moldave et Lénine
Sasha vit en République de Moldavie, à la campagne contrairement à la majorité de ses camarades de classe. Il n'a que neuf ans, se rend quotidiennement à l'école et vit en ayant à l'esprit que Lénine est un modèle et que les capitalistes sont les méchants. A cette idéologie qui teinte le comportement de ces jeunes enfants, la nature occupe elle aussi une place capitale dans ce roman. On économise le bois, on a conscience de l'importance des animaux et on vit en accord avec ce cadre. La plupart des scènes décrites sont vues par ce jeune garçon, donc tout est vu à travers le prisme de la naïveté et de la violence parfois de l'enfant, exercée essentiellement envers des animaux. Comme de nombreux enfants, il ne mesure pas encore la portée de ses actes et il a en horreur les cochons.
Parallèlement au quotidien scolaire de Sasha, le lecteur lit des dialogues entre Lénine et le garde forestier Makarici, dialogues plaisants à lire.

Ce roman permet avec simplicité de voir le quotidien des Moldaves en 1980, encore sous l'emprise du communisme. On voit comment les enfants étaient éduqués et combien ils étaient conditionnés. Ils sont embrigadés dans une idéologie et incapables de réfléchir par eux-mêmes étant donné que certains éléments sont présentés comme évidents. En revanche, on n'a pas le sentiment que ce roman est un texte à charge contre le communisme, il s'agit simplement d'un tableau qui permet de percevoir l'atmosphère qui régnait dans ce pays. La nature occupe une place particulière, elle est un refuge, une sorte de divinité, un chef-d'oeuvre qui a précédé l'homme et les descriptions qui en sont faites dans les passages en italique sont lyriques.

Ce roman ne brille pas par ses rebondissements ou par sa singularité. Il est intéressant pour ces instantanés, pour ces multiples épisodes qui permettent d'imaginer le quotidien de ces enfants et par sa structure originale ( scènes enfantines, dialogues avec Lénine, séquences lyriques en italique mettant en scène une petite fille ... ). Et puis, l'auteur lui même suscite l'intérêt du lecteur. Savatie Baştovoi vit dans un monastère, a reçu la tonsure. Il est plaisant de lire un roman avec une telle honnêteté d'un homme sage comme lui, qui a pourtant été interné dans un hôpital psychiatrique lorsqu'il était adolescent à cause de l'un de ses enseignants.