Chindiafrique
de Jean-Joseph Boillot, Stanislas Dembinski

critiqué par Colen8, le 22 décembre 2014
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Révolutions silencieuses, sur fond d’innovations surprenantes
Les cartes géopolitiques sont rebattues. La donne a changé. Notre monde bascule sous les forces conjuguées de la démographie et des innovations hors de la sphère des pays développés. Le décollage économique intervient dans une zone avec une « fenêtre d’opportunité démographique (FOD) » : d’abord un baby boom exceptionnel, suivi du déferlement d’une génération plus jeune, plus nombreuse, mieux éduquée sur le marché du travail. Rien de tel pour faire tomber bien des barrières, première révolution. Instaurée en Chine dès la libéralisation de Deng Xiaoping, arrivée plus tard en Inde, elle démarre en Afrique qui se prépare à être le continent le plus peuplé mais aussi le plus jeune du monde à horizon 2030-2050.
Face à de tels défis, y compris celui de rester dans un monde vivable pour tous, d’autres révolutions sont en route. On parle non pas de rattrapage économique, mais de sauts dans l’innovation tirant parti de hautes qualifications de myriades de jeunes diplômés. Surgissent ainsi des innovations tant sociales, que managériales, au-delà des technologies, et des services à fortes valeurs ajoutées. Ainsi voit-on se mettre en place des business models tout aussi innovants et aptes à tenir des croissances vertigineuses. Les besoins sont ceux de milliards d’individus à faible pouvoir d’achat. Il leur faut des produits robustes, de qualité, semblables aux nôtres mais dix fois moins chers ! De même pour les services : et c’est ce qu’on voit fleurir dans la santé, l’agriculture, les transports, le logement, les infrastructures, les réseaux de communication, l’énergie, le numérique.
Un avenir irénique nous attend donc ? La Chine, l’Inde et l’Afrique partagent des objectifs communs : reprendre leur place dans l’économie mondiale d’avant le 18ème siècle, combiner développement et sobriété sans verser dans la surconsommation des pays développés. Le poids de leurs histoires les conduit à des stratégies différentes, des trajectoires où chacune avance à son rythme, avec sa temporalité, ses particularités, ses atouts. Des complémentarités apparaissent malgré la concurrence. Les motifs d’affrontement, voire de conflits existent. Saura-t-on vaincre les pénuries alimentaires pour nourrir jusqu’à 5 milliards d’habitants avec la qualité en plus de la quantité ? Que dire du problème de l’eau ?
Les exemples dont fourmille cette analyse sont passionnants et les données statistiques infiniment parlantes. Pour autant l’avenir n’est pas écrit. La prospective loin d’être une science exacte, a pour but d’éclairer la route. Des obstacles imprévus y déboulent, nous obligeant à relever sans cesse de nouveaux défis.