Les chants de Maldoror
de Lautréamont

critiqué par Aleph, le 2 février 2001
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Poétique d'un destin
Les Chants de Maldoror, un livre extraordinaire et éprouvant, écrit dans un langage d'une grande beauté, un talent infini, une description du " mal ", de la " haine ".
Mais peut-être aussi la destruction nécessaire à la création, une remise en question pour devenir son étoile et s'élever dans un élan d'une grande intensité...
On ne le saura sans doute jamais... Son auteur, Isidore Ducasse, est en effet mort dans des circonstances mystérieuses à l'âge de vingt ans... peu de temps après avoir écrit ce livre...
Il a d'autre part écrit un autre livre qui s'appelle " Poésies " et qui nous montre l'infinie intelligence de ce jeune homme brillant, reprenant dans ces poésies les pensées de Pascal en inversant leurs idées... Nous montrant ainsi que rien n'est bien ou mal, que c'est la morale qui a inventé ces termes pour se créer un nouveau dieu protecteur, de nouveaux concepts nous rassurant face au devenir innocent du monde...
Je ne vais pas entrer plus avant dans de telles considérations, qui mériteraient bien plus que quelques lignes dans un commentaire médiocre.
Revenons donc aux Chants du Maldoror. Isidore Ducasse en est l'auteur, il est mieux connu sous le nom de Comte de Lautréamont. Son écriture est imprégnante, on est comme absorbé par la magie des mots. Du grand art, indescriptible ; il faut le lire, le vivre, en vibrer de toute part, et éviter de sombrer dans la folie, le dernier mot achevé.
Lui-même nous met en garde tout au long de son livre contre la lecture de celui-ci par des esprits faibles qui auraient du mal à supporter, pas prêt à entendre ces mots, résonner dans leur esprit jusqu'à des temps immémorables...
Je vais tenter de mémoire (il y a 5 ans déjà) de vous rendre compte des mots qui vous agressent dès le début de ce livre : "(reformulés par Aleph) Plût au ciel que le lecteur, devenu momentanément féroce et ardi, trouve son chemin abrupt au travers des marécages sombres de ces pages pleines de poison, car à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une tension d'esprit au moins égal à ce qu'il lit, ce livre le détruira comme l'eau le sucre. Alors je te préviens, noble lecteur, tourne tes talons en arrière et non en avant, comme un fils face à la face auguste de sa mère... Certains pourront sans doute savourer ce fruit amer sans danger, mais pour les autres..."
Cela vous donne une idée. Pour le reste, il s'agit dans ces chants de quelqu'un qui hait les hommes et leur petitesse, qui hait Dieu qui les a créés, et essaye de retrouver dans les animaux et la nature la force d'esprit qui a disparu chez ces condisciples.
Je vous laisse à présent seul face à ce choix qui se tend vers vous : lire ou ne pas lire ?
Hallucinant... 10 étoiles

La lecture de certains livres laisse un arrière goût de je ne sais quoi; ils vous choquent, "vous imprègnent comme l'eau le sucre": Les Chants de Maldoror en fait partie.
Que dire sinon que l'auteur a réussi à condenser en quelques centaines de pages non seulement une description bouleversante du mal dans toute sa splendeur mais aussi une poésie aussi puissante que nouvelle, qui à coup sûr a révolutionné l'art littéraire.
Etrangement moderne et insupportable, Les Chants nous font remuer quelque chose chez nous que nous croyons enfoui depuis des temps

Corentin - - 28 ans - 16 avril 2011


Une poésie en lames de rasoirs 8 étoiles

Ce livre est resté comme une blessure dans un recoin de cette masse limoneuse qui me sert de cerveau. Et pourtant de nombreuses années me séparent de ces envolées rageuses et lumineuses que Isidore Ducasse fait surgir dans ses lignes qui ressemblent à des coulées de lave d'un volcan.
Troublant!

Martell - - 60 ans - 24 avril 2010


Genre : Des mots, une indolence, la férocité 9 étoiles

Inutile pour moi de résumer ce chef d'oeuvre de la littérature mondiale, d'autres l'ont très bien fait avant moi. Et puis, assez de résumé : Lisez et admirez.

Comme nous l'a dit Déhellair, il faut tenter de lire Lautréamont et on verra bien. J'ai pour ma part, lu entièrement Les chants de Maldoror. Il est difficile d'analyser ces chants d'une splendeur hypocrite, d'une indolence ferme, qui apparaît avec plus de force dans quelque lignes, à la manière d'une infection latente. Je ne crois pas qu'il faille limiter Le Comte de Lautréamont, un classique, à un simple misanthrope qui se déchaîne à travers Maldoror. C'est aussi ça. C'est aussi beaucoup d'autres choses.

Comme nous l'a dit Déhellair, il y a notamment l'accumulation des phrases, des mots, le lexique l'intonation qui selon moi est la plus grande valeur de cet oeuvre. Lisez, vous verrez bien.
De surcroît, la puissance des mots trouve ici leur vérité ou non vérité : en tout cas ils sont tous devant nos yeux.

A vous de penser, ayez l'intégrité de lire la totalité de ses lignes, qu'un esprit, animé de passions et d'auto-dérision a écrites, pour peu de choses, alors qu'il n'est maintenant plus de ce monde.

Elouan.A - - 31 ans - 23 avril 2010


Décevant 5 étoiles

Je n'ai pas fini ce bouquin mais je crois bien qu'il faut signaler cet auteur, donc Lautréamont, qui ici met en évidence sa misanthropie acérée, criminelle, sa cruauté déclarée. Certes, pourquoi pas mais alors le discours car je crois qu'il faut ainsi appeler ce texte n'est pas, selon moi, assez puissant, assez véloce. L'aversion envers les autres n'est pas ressentie à travers les mots, je crois.
Effectivement malgré l'accumulation des phrases, des mots, le lexique l'intonation n'est pas à mon sens à la hauteur de l'idée. Donc j'ai trouvé cela long et je ne l'ai pas terminé, cela dit peut-être m'y plongerai-je (haha) à nouveau-je plus tard-je. Tentez de lire le méchant Lautréamont, vous verrez bien...

Déhellair - - 38 ans - 12 mars 2005


Sublime 10 étoiles

Je viens de finir de lire ce livre et j'avoue rester sans voix...
Un conseil: lisez-le, si vous avez le coeur assez solide pour ça...

Don_Quichotte - Metz - 36 ans - 29 septembre 2004


Beau comme... 10 étoiles

Lautréamont... un amour de jeunesse... Le mystère Lautréamont : mort à 24 ans "sans autres renseignements", le vampire, le météore plus fulgurant que Rimbaud, l'ange du mal dont nous ne possédons ni photo, ni portrait... L'impact de Lautréamont, grand précurseur du surréalisme, à propos de qui Breton écrivait : "On sait maintenant que la poésie doit mener quelque part." "Beau comme la rencontre fortuite, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie"... Lautréamont!

Lucien - - 68 ans - 19 décembre 2001


un chef d'oeuvre tout simplement! 10 étoiles

mais je m'interroge, pourquoi est il classé dans la rubrique poésie? la frontière est difficile a définir, entre littérature , terme assez général, et poésie, terme un peu plus fermé mais assez indéfini... (ah ok maintenant j'ai compris, c'est parce que l'édition présentée ici regroupe en plus des chants de maldoror d'autres oeuvres d'Isidore Ducasse qui appartiennent bien à la poésie)

Virgile - Spy - 44 ans - 23 mars 2001


Une grande critique pour un grand livre ! 0 étoiles

Bravo pour cette critique presque aussi envoûtante que le livre qui est un des sommets de la littérature française.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 6 février 2001