Snow and Shadow
de Dorothy Tse

critiqué par SpaceCadet, le 11 décembre 2014
(Ici ou Là - - ans)


La note:  étoiles
Etonnant
C'est dans un paysage littéraire que l'on pourrait aisément qualifier d'embryonnaire, -Hong Kong n'ayant à ce jour entretenu qu'une timide activité artistique-, que vient d'être publiée (en 2014), cette première traduction des nouvelles de Dorothy Tse. Née en 1977, cette auteur s'est fait connaître dans son pays par la publication de deux recueils de nouvelles qui furent tous deux primés tandis que grâce à cette première traduction, elle figure parmi les premières voix authentiquement hongkongaise parvenant jusqu'à nous.

Présenté dans une édition dont l'originalité et la qualité s'accordent bien au contenu, 'Snow and Shadow' est donc constitué de treize nouvelles dont certaines ont été extraites de publications en VO tandis que d'autres sont inédites.

Treize nouvelles qui, dès la première phrase nous surprennent tandis que la plume riche et colorée de l'auteur nous entraîne dans un univers extraordinaire au sein duquel divers sujets d'actualité s'offrent à nous sous un jour tout à fait singulier. Ces récits sont provocants et nous incitent à sortir de nos sentiers battus.

'The Love Between Leaf and Knife' raconte l'histoire d'un couple qui, comprenant qu'au fil du temps et des années, leur passion s'est peu à peu éteinte, tente de raviver la flamme en employant une méthode pour le moins inusitée.

'Head' nous introduit dans une famille dont l'existence, adaptée à l'autisme avéré du père, prends une forme bien particulière.

'Blessed Bodies' aborde le thème du marchandage du corps humain en nous amenant dans une ville où le commerce du sexe prospère et où en échange des faveurs d'une femme, le client doit faire don d'un membre de son corps.

'The Mute Door' établit en cours de récit un parallèle entre la porte en tant qu'objet et la porte en tant que concept pour conclure de manière inattendue à la prééminence du concept sur l'objet.

S'il est généralement ancré dans un cadre contemporain, le monde vu par Dorothy Tse, passe rapidement et aisément du réel au surréel, du rêve à la réalité, du conscient à l'inconscient, entraînant ainsi le lecteur au long d'avenues inusitées, voire inexplorées. D'une intense originalité, cet univers n'a donc rien d'ordinaire et pourtant il nous rejoint, non seulement par les thèmes abordés mais aussi par ces personnages et ces lieux qui en dépit de leur qualité fictive, conservent toutefois un lien fort avec la réalité.

Témoignant d'une bonne maîtrise du genre, ces récits, habilement traduits par Nicky Harman, réunissent un éventail de qualités propres à faire le bonheur des plus exigeants et, souhaitons-le, sauront bientôt attirer l'attention des éditeurs français.