Conversations en miroir, mythiques mésaventures à Hollywood
de Michael Cimino

critiqué par AmauryWatremez, le 21 novembre 2014
(Evreux - 54 ans)


La note:  étoiles
Mythologies US
Un matin, Michael Cimino apprend qu'une journaliste italienne désire faire son portrait car on le considérerait comme une légende, lui à qui l'on interdit de faire des films depuis déjà quelques années à cause du commerce, des banquiers, de la frilosité morale et intellectuelle, parce que les collines de Burbank abritent depuis le départ une industrie finalement. Plutôt que de passer par la voix d'un médiateur, ou d'une médiatrice qui fausserait sa pensée, le réalisateur se pose lui-même les questions importantes, sans concession aucune, même pour lui. Il dessine progressivement son portrait, par petites touches et celui du monde du cinéma.
Pour pallier la difficulté de compréhension d'un monde devenu extrêmement complexe, beaucoup d'américains, des simples citoyens aux créateurs, se réfugient dans une visions "disneylandiesque" du monde : "Nous", les gentils, tous les autres, les méchants. Ce ne sont pas les seuls, il arrive la même chose dans tout les pays occidentaux, qui se lancent dans la quête éperdue d'une authenticité illusoire car ils la cherchent tous aux plus mauvais endroits. Les films de Cimino, même les plus commerciaux, offrent une vision beaucoup moins manichéenne : du "Canardeur" à "l'année du dragon"...

Hollywood produit des mythes depuis longtemps,des archétypes qui ont la vie dure et qui perpétuent une vision faussée du monde, toute entière tournée vers l'idéalisation du mode de vie des sociétés libérales : du héros romantique sans peur et sans reproche, des hommes des vrais qui n'ont pas peur de se salir les mains, des méchants qui sont la plupart du temps de dangereux intellectuels, des cow-boys, des pionniers courageux. Il y a vingt-cinq ans, Cimino avait démonté point par point ces légendes idéologiques dans "La porte du paradis", oeuvre remontée, échec commercial - il ne fait pas bon dire la vérité - et gouffre financier pour "United Artists" qui ne s'en releva pas. (Ce film montre la fin de la fameuse "Frontier" en se demandant si celle-ci a jamais existé).