La guerre de la France au Mali
de Jean-Christophe Notin

critiqué par Chene, le 17 novembre 2014
(Tours - 54 ans)


La note:  étoiles
Pour l’histoire,
L’opération Serval s’est déroulée de janvier 2013 à juillet 2014.
Le Mali était, alors, la proie de plusieurs groupes djihadistes : Ansar Dine, Mujao et Aqmi qui avaient défait l’armée Malienne et occupaient le nord du Mali.
Des villes comme Tombouctou, Gao, Kidal étaient occupées.
Les autorités Maliennes, rongées par un pouvoir politique déliquescent, ne pouvant plus faire face au déferlement de bandes terroristes (pour la plupart composées de combattants étrangers, de locaux miséreux, mais aussi d’indépendantistes touarègues qui finiront vite par s’en repentir), lancèrent un appel « au secours » à la communauté internationale, à ses partenaires africains et à la France. Bamako était menacée.
Tout le monde a répondu présent. Cependant l’Europe resta aphasique et c’est quasiment seuls que la France et le Tchad se portèrent au secours du Mali (avec les soutiens techniques et logistiques des Américains et des Russes).
Dans cette somme (615 pages), considérablement bien documentée, Jean Christophe Notin, qui a recueilli plus de deux cents témoignages auprès des principaux acteurs de ce conflit, Etats-Majors, Ministère de la défense, et unités sur le terrain, nous relate avec un luxe de précision, les différentes opérations militaires conduites par la France qui ont permis la « destruction des terroristes ». Les combats et les conditions de vie des forces spéciales, des commandos, du 2e REP… Les informations quotidiennes des services de renseignements (DGSE)... Les heures de vols innombrables des mirages et des rafales…Les coups de force des hélicoptères gazelles et tigres…L’opération Serval fut le plus extraordinaire déploiement de l’armée Française depuis la guerre d’Algérie.
Jours après jours, les militaires vont reprendre villages et villes produisant l’étonnement du monde et faisant l’administration des Américains. À tel point que pour la première fois, ces derniers accepteront qu’une autre puissance prenne le contrôle de leurs avions. Il ne faut pas oublier les Russes qui prêtèrent leurs « Antonov » (les plus gros avions de transports du monde) pour acheminer rapidement sur le terrain des opérations, blindés, camions, et autres matériels français.
Autre révélation, et pas des moindres, les habitants libérés apportaient leurs concours aux soldats français, indiquant les caches d’armes et de matériels et les endroits où les djihadistes se rassemblaient et se planquaient.
Comment ne pas être tenu en haleine par les récits des combats menés par les légionnaires et les forces spéciales dans le massif de l’Ardrar des Ifoghas, montagnes de pierres et de rochers dans le désert sous des températures frisant les 50° (les hommes portaient casques, gilets pare balles, rangers, 30 kilos d’équipements…).
À l’heure où les budgets des armées sont sans cessent revus à la baisse, les armées Françaises et Tchadiennes ont fait preuve d’une détermination et d’une efficacité impressionnantes qui ont permis au Mali de retrouver sa souveraineté. Des soldats Français, Tchadiens et Maliens sont tombés pendant Serval. Parfois, le sort des batailles n’a tenu qu’au courage de quelques dizaines des forces spéciales. L’histoire de ces hommes morts au combat est peu connue, racontée et médiatisée. Pourtant, elle est souvent hors du commun et héroïque.
Aujourd’hui, des casques bleus de l’ONU (6 000 hommes) ont pris position dans ce nord Mali assez hostile car des groupes de djihadistes très mobiles, réfugiés dans les pays voisins tentent des coups de main et des attentats. L’histoire n’est pas finie. Mais l’armée française a porté un sacré coup de frein, sans précédent, aux djihadistes de tous poils dans cette région, évitant, par là même, la création d’un Sahelistan ingérable au milieu du continent africain.
Un livre pour l’histoire.

Soldats Français tombés au Mali

Opération Serval

11 janvier 2013 - Chef de bataillon Damien Boiteux - 4e RHFS

19 février 2013 - Adjudant Harold Vormezeele - 2e REP

2 mars 2013 - Caporal-chef Cédric Charenton - 1er RCP

6 mars 2013 - Maréchal des Logis Wilfried Pingaud - 68e RAA

16 mars 2013 - Caporal-chef Alexandre Van Dooren - 1er RIMa

29 avril 2013 - Sergent Stéphane Duval - 1er RPIMa

30 juillet 2013 - Brigadier-chef Martin-Vallet - 515e RT

27 décembre 2013 - Caporal-chef Thomas Guillebault - CPA 20

7 mai 2014 - Sergent Marcel Kalafut - 2e REP

14 juillet 2014 - Major Dejvid Nikolic - 1er REG

Opération Barkhane

28 octobre 2014 - Adjudant Thomas Dupuy - CPA 10

Lors de cette reconquête du nord du Mali, 75 soldats Maliens et 38 soldats Tchadiens sont tombés.
Au cours de cette période, 600 djihadistes ont été neutralisés (tués), 430 ont été fait prisonniers et des tonnes d’armes et de matériels ont été saisies.