Osamu Tezuka - Le dieu du manga
de Helen McCarthy

critiqué par Fanou03, le 29 décembre 2015
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Le papa d'Astroboy
C’est la vie et l’œuvre d’Ozamu Tezuka (1928 – 1989), figure incontournable du manga au Japon, qui sont abordées dans cet ouvrage fort instructif. Helen McCarthy, son auteur, a conçu ce livre comme une « introduction », ainsi qu’elle le précise elle-même, à l’univers du célèbre mangaka.

L’auteure s’est donc volontairement refusée à toute analyse universitaire, orientant la construction et la mise en page de l’ouvrage pour le plus grand nombre. De fait, Ozamu Tezuka, le Dieu des Manga s’avère extrêmement didactique (trop peut-être ?), présentant tout d’abord l’enfance et l’adolescence du mangaka, ses personnages les plus emblématiques, puis l’évolution de son œuvre au cours des décennies.

Le livre fait parfaitement ressortir les particularités du créateur d’Astroboy : un esprit universaliste d’une grande culture, intéressé aussi bien par les arts que la science (il fut diplômé en médecine), également pacifiste convaincu, humaniste, défenseur de la vie sous toutes ses formes. Sur le plan artistique, l’ouvrage revient aussi longuement sur une caractéristique étonnante de Tezuka , assez unique: passionné par la forme théâtrale, il gérait ses personnages comme de véritables « comédiens », les faisant revenir régulièrement dans différentes histoires, endossant chaque fois un nouveau « rôle ».

Travailleur infatigable, sa production impressionnante (dix-sept mille pages de bandes dessinées, sept cents titres !), s’adressant tantôt à un jeune public (Astroboy, Le roi Léo), tantôt à un public adulte (Kihirito, Ayako) a influencé considérablement la bande dessinée et la culture populaire nippone, par la qualité de ses albums, systématisant l’utilisation de procédés cinématographiques et questionnant la responsabilité de l’Homme. Helen McCarthy souligne aussi l’apport majeur de Tezuka dans le secteur de l’animation, pour laquelle il a mis en place, à travers ses propres studios, une industrialisation des processus qui deviendront des « standards » de production.

La très riche iconographie de l’ouvrage, la clarté du texte, fait de Ozamu Tezuka, le Dieu des Manga un ouvrage vraiment très agréable à lire. S'il tend parfois, il est vrai, à être un panégyrique du dessinateur, Helen McCarthy aborde cependant dans une toute dernière partie une réflexion critique sur l’influence réelle ou imaginaire du « Maître » sur les mangas japonais.

« Dieu », ou « génie », les deux mots reviennent fréquemment dans les publications existantes pour qualifier Ozamu Tezuka. Ces termes, pour excessifs qu’ils apparaissent au premier abord, ne semblent pas tant usurpés que cela au vu de sa production, de sa carrière, de sa personnalité, et des « mythes » issus de son imagination.