Lajja
de Taslima Nasreen

critiqué par Falgo, le 11 novembre 2014
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Un cri
Lajja (La Honte) est ce livre, paru en 1993, qui a valu à Taslima Nasreen la "fatwa" de fondamentalistes musulmans de son pays et la nécessité conséquente de vivre en exil.
Le roman décrit les violences exercées à l'encontre de la population hindoue du Bangladesh en 1992. Ces violences ont été les conséquences de la destruction, dans l'Inde voisine, de la mosquée de Babri Majid par des fondamentalistes hindous. La famille hindoue des Datta contemple sa déchéance, largement due aux pressions mises en oeuvre par les fondamentalistes musulmans au Bangladesh avec des complicités étatiques. Cette famille croit que ses amis musulmans vont la protéger contre la vague de violences qui se rapproche. Cet espoir sera déçu et l'exil tant redouté et refusé sera la dernière solution.
Ecrit en 7 jours devant le déchaînement de violences de 1992, ce livre mêle des comptes rendus journalistiques à la trame d'un roman en partie fondé sur ces mêmes faits. Ce dispositif en fait un ouvrage où réalité et fiction s'entrelacent avec une certaine efficacité. Par contre ce même dispositif éteint la mèche dans la mesure où tout le déroulement de l'intrigue devient très prévisible.
Il me semble que le roman dénonce plus l'ambiguité religieuse qu'autre chose, indiquant que, paradoxalement, toutes les religions prêchent la paix pour, finalement, être la source de grandes violences. Ce n'est qu'ultérieurement et par d'autres moyens d'expression que Taslima Nasreen prendra fermement position contre la religion musulmane, essentiellement en raison du statut et du traitement qu'elle réserve aux femmes. En tant que tel cet ouvrage paraît aujourd'hui un peu dépassé et pénalisé par son double axe, journalistique d'un côté et romanesque de l'autre.