Le syndrome indigo
de Clemens Setz

critiqué par Sentinelle, le 30 octobre 2014
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Obscure
Le narrateur Clemens J. Setz, jeune mathématicien, enseigne dans une école internationale spécialisée pour les enfants souffrant du syndrome indigo : toutes personnes à leurs contacts ressentent des troubles divers tels que vertiges, vomissements et violents maux de tête. Lorsque le jeune professeur commence à poser des questions sur le fait que certains élèves partent déguisés en voiture vers une destination inconnue, pour ne plus jamais revenir au centre (ce que le directeur de l’école appellera « des relocalisations »), il se voit contraint de quitter définitivement les lieux. Ne se décourageant pas pour autant, il décide de mener sa propre enquête.

L’auteur Clemens J. Setz (homonyme du narrateur de ce roman) est considéré comme un jeune prodige de la littérature autrichienne. Mathématicien, pianiste de jazz, poète, traducteur et écrivain, il a déjà reçu quelques prix littéraires. C’est forcément avec une certaine curiosité que j’ai abordé ce livre, qui promettait un mélange des genres en se lisant comme une enquête, où l’univers de la science-fiction, de la pédagogie et de la psychiatrie se côtoyaient habillement. Et qui donc, pensais-je, avait tout pour me plaire. Et qui m’a surtout totalement larguée tant je n’ai jamais compris où voulait en venir l’auteur.

Truffé de références, de notes, d’articles, l’auteur brouille également les pistes temporelles en passant d’un narrateur (le professeur) à un autre (un ancien enfant indigo). Faute de structure narrative consistante, ce roman distille surtout une atmosphère étrange, inquiétante et angoissante. La psychologie et la pensée des narrateurs sont souvent confuses, opaques et nous ne savons plus très bien où commence la réalité et où se termine l’aliénation mentale. Intriguant dans un premier temps, progressivement lassant et finalement irritant quand on se rend compte, bien avant la fin, que tout cela va certainement se terminer en eau de boudin. Bref, à part vous dire qu’on y parle de solitude, d’extrêmes sensibilités, de déviance, de violence, de malaise dans la civilisation (pour reprendre un titre de Freud) et d’un vague complot, cet univers au bord de la folie vous laisse à votre tour bien seul et désemparé.

Un roman certes hors-norme mais trop hermétique en ce qui me concerne. N’hésitez surtout pas à éclairer ma lanterne si vous avez mieux compris que moi les propos de l’auteur, tant je suis incapable de vous en dire plus. Sans doute n’ai-je jamais pu me hisser, en tant que lectrice, à la hauteur du génie de Clemens J. Setz...