Sayonara baby : principes essentiels de l'abandon de vie
de Fabrice Colin

critiqué par Belial, le 26 octobre 2014
(Anvers - 44 ans)


La note:  étoiles
Colin, l’écrivain-kamikaze
Et encore un OLNI signé par la main de Fabrice Colin. Californie, 1967. Le roman s’ouvre sur la détention par l’armée américaine d’un samouraï amnésique dont les pouvoirs mentaux permettraient aux escadrilles japonaises de bombarder des cibles du territoire états-unien. Car le Japon est entré en guerre contre les Etats-Unis, vous ne le saviez pas ? Il passe la première moitié du livre à s’interroger sur son identité, à commencer par son nom.

Et puis vient la rupture. Fabrice Colin rembobine le récit à l’envers et le lecteur découvre que notre héros est un métis fruit du viol de sa mère par un prisonnier japonais de Manzanar. Du moins c’est ce que lui a raconté son père adoptif alcoolique.

Entre tensions raciales, guerre du Vietnam et crise identitaire, hallucinations, fantasmes, rêves, maladie et amnésie se confondent, quittent à donner un léger mal de mer aux lecteurs qui s’y perdent parfois, mais dont les vieux loups se laisseront embarquer sans remords. L’ombre de David Lynch pèse sur le récit habilement trituré de ce Sayonara Baby.

Voilà un beau produit. Roman du déracinement, de l’irréalité (ou des réalités), roman de guerre et de douleurs, roman de l’oubli et roman lynchien s’il en est. Un très bon cru, du grand Colin.