L'Inoubliable
de Eduardo Berti

critiqué par Pucksimberg, le 20 octobre 2014
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Une galerie d'êtres étranges ...
Eduardo Berti livre des nouvelles dans la tradition des textes étranges de certains auteurs argentins, comme Borges ou Cortazar, sans toutefois égaler ces maîtres dans l'art d'instaurer des climats bizarres.

Dans ces textes, on rencontre un adolescent au nez difforme sombre héritage familial, un homme qui engage son propre meurtrier, une lectrice de journaux qui ne raterait pour rien au monde un simple article dans la presse, un personnage qui perd ses souvenirs, un autre qui perd ses talents artistiques, un homme qui a encore dans son corps des éclats d'obus qui se font entendre, des personnages qui racontent des histoires pour se faire peur ... Le lecteur se laisse happer par ces histoires dont le contenu est irrationnel. La plupart des nouvelles ont une chute et c'est vraiment ce sentiment d'étrangeté que l'on ressent dans les textes fantastiques sud-américains qui est prégnant.

Ces nouvelles endossent un héritage littéraire conséquent. Evidemment, l'on pense aux auteurs cités dans le premier paragraphe, mais aussi à Zweig, à Poe, à Buzzati. Ce sont sans doute de discrets clins d’œil faits par l'auteur qui s'approprie complètement les thèmes qu'il traite : celui des coïncidences, de la perte d'un sens, de notre rapport au réel, de la trouble frontière entre le réel et l'imaginaire ( folie, rêve, pensées ... ) A mon sens, "Eclats d'Ataminsky", "Hugh Williams", "Fantômes" sont les plus réussies. Elles sont prenantes et laissent le lecteur mal à l'aise à la fin de la lecture. Dans certaines nouvelles, la manière dont la chute a été amenée m'a un peu gêné, mais ces textes restent plaisants à lire et à considérer comme un bon divertissement.