Une saison de célibat de Blanche Howard, Carol Shields

Une saison de célibat de Blanche Howard, Carol Shields
(A Celibate Season)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par FranBlan, le 8 octobre 2014 (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 81 ans)
La note : 8 étoiles
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Roman épistolaire...

J’avoue avoir été fort étonnée de constater l’inexistence de Carol Shields sur ce site, au point de vérifier l’exactitude de l’orthographe de son nom à deux reprises!
Carol Shields est une auteure canadienne d’origine américaine emportée par un foudroyant cancer du sein en 2003, à l’âge de 68 ans.
Elle est d’abord reconnue pour son magnifique roman The Stone Diaries (La mémoire des pierres) publié en 1993 pour lequel elle s’était mérité le Prix Pulitzer américain, le National Book Critics Circle Award, ainsi que le Governor General's Award au Canada.
Elle est l’auteur de romans, de nouvelles, de poésie et a aussi écrit pour le théâtre.

Une saison de célibat (A Celibate Season), un roman épistolaire écrit à quatre mains en compagnie de son amie Blanche Howard, autre auteur canadienne originaire de l’Alberta, décédée à son tour en juin dernier, à l’âge vénérable de 90 ans, raconte ainsi les deux versions d’une même histoire; séparés pour dix mois après vingt ans de marriage, Charles, architecte ayant perdu son emploi en charge de la maison et de leurs deux ados et sa femme Jocelyne, prennent tour à tour la plume pour se raconter l’un à l’autre.

Une saison de célibat joue donc sur le renversement des rôles traditionnels, et la transformation des valeurs qu’il entraîne.
Chacun des époux change de son côté, à cause de la modification de son entourage, de la révélation de nouvelles aptitudes.
Chas s’improvise poète, entreprend des rénovations de la sacro-sainte maison familiale, embauche une jeune femme de ménage-militante progressiste qui s’incruste un peu trop…
Et Jock, surtout, se découvre un talent et un goût pour une carrière dans la sphère politique qui pourrait mettre en péril son ménage.

Le couple frôle la catastrophe puis, un peu comme si les deux auteurs avaient craint d’aller trop loin, la narration semble bifurquer dans une autre direction, plus légère.
Reste que le malaise plane sur le couple qui a choisi de ne pas tout se dire, et c’est peut-être aussi ce silence qui le maintient en vie et que la question demeure en suspens: peut-on retrouver une intimité mise à mal par une longue séparation?
Les lettres qu’échangent Chas et Jock , un mode de communication un peu désuet, mais combien plus profond, "aussi bien thérapeutique qu’économique", sont écrites avec beaucoup d’humour et de vivacité.
Carol Shields, notamment, qui prête vie à la voix masculine, a le don de transformer les ennuis domestiques en péripéties amusantes, voire quasi vaudevillesques; la maison de plus en plus encombrée de gens, où le goût du cocasse l’emporte parfois un peu sur le souci de vraisemblance.
Dans la peau de l’expatriée temporaire, Howard se lance plutôt dans une amorce de réflexion sur la pauvreté, le roman étant planté sur fond de la récession économique des années 80, et des luttes syndicales qui avaient alors cours.

Une saison de célibat fait vivre avec force des personnages colorés, sinon parfois caricaturaux et étonnamment, surtout les femmes en font les frais: Davina, la poétesse éthérée; la femme du sénateur, véritable Rhodésienne de Westmount; Jessica, la militante féministe mal dégrossie…
Ce qui rend l’oeuvre d’une lecture très agréable, pas inintéressante, mais un peu anodine.

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