Mémoires
de Hector Berlioz

critiqué par Falgo, le 7 octobre 2014
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Dans le cerveau et la vie d'un créateur
Bien sûr, Berlioz ne raconte dans ses mémoires que ce qu'il veut bien y mettre et je ne suis pas en état d'estimer la véracité de ses propos. Qui sont d'un prodigieux intérêt, car il détaille beaucoup, essentiellement sur son parcours musical, moins sur sa vie privée.
Son enfance, sa formation musicale, ses démêlés avec ses parents forment la trame du début jusqu'à son arrivée à Paris dont il découvre peu à peu les arcanes, les intrigues, les caractères, les bons et les mauvais côtés. Certes, Berlioz est un romantique et les excès de ses sentiments et de son langage contribuent à construire ce personnage hors du commun. D'un autre côté, il ne manque pas d'humour, décrivant délicieusement situations et dialogues.
Le lecteur en apprend beaucoup sur ses manières de composer, ses intentions,ses ambitions sans que jamais, sauf à une ou deux occasions, il ne tombe dans une langue trop technique ou jargonneuse. Tout est toujours très lisible, même par un profane en la matière. Il y a beaucoup sur l'état du monde musical à l'époque, les insuffisances des conservatoires, les difficultés pour réunir un orchestre et un financement, les inégalités dans le jeu des interprètes, les tripatouillages courants des partitions, et surtout de celles des opéras. On découvre tout un monde dont nous nous sommes heureusement aujourd'hui bien éloignés (quand même quelques analogies). Les voyages à l'étranger (l’Italie pour le Grand Prix de Rome, l'Allemagne, la Russie, l'Autriche, etc.) permettent des comparaisons intéressantes avec la France, en particulier sur les sources et les traditions musicales populaires et la facture des instruments.
Les rencontres avec d'autres musiciens, maîtres et collègues (Lesueur, Cherubini, Liszt, Paganini, Schumann, etc.) sont l'occasion de préciser ses opinions sur ses conceptions musicales, l'enseignement de la musique, le public. On découvre son attrait pour la démesure, les masses orchestrales et chorales (500, 1000 musiciens ensemble) et les manières d'agencer et de diriger tout cela.
Au total, on y trouve énormément d'informations sur la musique et les diverses manières d'en faire. Passionnant.