Ma Mère, par exemple de André-Joseph Dubois

Ma Mère, par exemple de André-Joseph Dubois

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 23 septembre 2014 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans)
La note : 9 étoiles
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Supérieur !

Ceci n’est pas un roman, encore moins une biographie mais des impressions à propos d’une Liégeoise, la mère de l’auteur de ce récit. Cette femme est née et à vécu dans le faubourg Sainte-Marguerite, rue du Haut-Pré, pour être précis. Elle a traversé tout le vingtième siècle et est décédée, plus que centenaire, en 2013 à Liège.
Oh !, elle n’est pas connue du grand public, à peine de ses voisins, mais comme le dirait, ailleurs, Jean d’Ormesson, elle est : « Unique. Irremplaçable. La seule, à jamais, de son espèce et de son genre. » Et c’est là que le style d’André-Joseph Dubois intervient …
Ah ! que voilà de la belle littérature !, qui nous change un peu de l’écriture, parfois, un peu trop « salopée « de nos contemporains … Les cinq dernières pages sont très émouvantes mais surtout, ne zappez pas : lisez les 130 précédentes !
Un bon choix : « Ma Mère, par exemple « de André-Joseph Dubois dans la collection « Plumes du Coq « aux éditions Weyrich, 2014, isbn 978-2-87489-281-3, 14 euros, en vente dans toutes les bonnes librairies.

Voici quelques extraits limités ici à ceux concernant le quartier Sainte-Marguerite :



- Et finalement, en 1983, une nuit, un tremblement de terre ébranla Liège, particulièrement le faubourg Sainte-Marguerite. Ma mère marchait déjà difficilement, je l’emmenai le lendemain matin reconnaître les dégâts. Je me rappelle de la cheminée saugrenue atterrie de biais au pied du lit des deux vieux apeurés – dans la chambre à la loggia- au-dessus le plafond béant qui bavait son lattis et, plus haut encore, le toit ouvert sur le ciel d’un bleu cru. (…)

- Elle traversa donc l’Occupation sans se soucier de ce qui outrepassait les limites du faubourg Sainte-Marguerite. (…) Elle ne quêtait pas les informations, se méfiait des rumeurs et aucune propagande n’eut de prise sur elle. Cependant, le quartier payait son tribut. Un jeune homme d’une rue proche disparut définitivement, pris dans une rafle ; le fils des voisins d’en face mourut dans l’explosion d’une bombe alors qu’il dégageait les décombres ; quand la Wehrmacht en déguerpissant fit sauter un char à Fontainebleau, pas bien loin, nombres de victimes lui étaient connues. Tout cela, et son prisonnier, et son fils à élever, c’était sa guerre ; l’autre guerre, celle dont parleraient les livres, n’était qu’un écho lointain.

- C’est ainsi qu’elle distinguait dans son Haut=Pré natal, au cœur du faubourg liégeois de Sainte-Marguerite, un ordonnancement social aussi rigide et aussi pérenne que celui du faubourg Saint-Germain. (…) A Charleroi, elle ne se lia avec personne. Avec cette mauvaise foi des principautaires, elle estimait la ville petite et grise, l’accent carolo vilain, d’ailleurs on ne parlait pas là le bon wallon et la tarte au riz, franchement, laissait à désirer. Mon père, qui lui=même cultivait la nostalgie de Liège, essaya en vain de l’attirer chez certains de ses clients ; c’était peine perdue, elle restait sur son quant à soi.

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