Sarah Thornhill
de Kate Grenville

critiqué par Sentinelle, le 17 septembre 2014
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Le passé qui ressurgit
Kate Grenville aborde l’histoire des premiers colons arrivés en Australie et la violence à l’encontre des aborigènes par le biais de l’histoire intime d’une jeune femme amoureuse d’un métis, Jack Langland, qui éprouve les mêmes sentiments à son encontre. Sarah Thornhill est issue de la deuxième génération, celle que les parents - la plupart d’anciens bagnards devenus propriétaires terriens - aspirent à élever dans la société. Il va sans dire que Jack, le jeune métis dont Sarah Thornhill est amoureuse, ne correspond pas vraiment aux critères souhaités pour établir une jeune fille. Mais Sarah Thornhill, femme de caractère, compte bien s’établir avec l’homme qu’elle aime, quitte à s’éloigner de sa famille pour y parvenir. C’était sans compter un lourd secret familial qui entravera à jamais son amour pour Jack, et qu’elle ne parviendra à mettre à jour que de nombreuses années après un mariage de raison.

On s’attache rapidement à cette jeune fille illettrée au parler un peu fruste mais à l’intelligence de cœur, une jeune femme libre de préjugés jusqu’au jour où elle découvrira la vérité sur le passé de son père. L’auteur évoque l’histoire de la société australienne à travers une voix innocente et intègre mais peut-on vivre en paix lorsque le désir de réparation nous tiraille ? Kate Grenville revient sur le fait que nos existences ne sont que les maillons d’une chaîne dans laquelle l’innocence n’a finalement que peu de place, tant nous avons aussi le devoir de réparer la faute de nos parents pour pouvoir nous en affranchir. Et le devoir de réparation passe notamment par le témoignage des événements aussi fidèlement que possible. Une écriture généreuse et attachante pour un sujet crucial et délicat.

Attention, ce roman fait suite à un précédent tome, Le fleuve secret (Métailié, 2010), qui raconte l’histoire de la première génération, à savoir celle des parents de Sarah. Je ne l’ai découvert qu’à la fin de ma lecture mais il semble bien qu’il puisse se lire totalement indépendamment tant cela ne m’a pas du tout gênée à la lecture.