Manuel d'Epictète
de Épictète

critiqué par Kinbote, le 8 novembre 2003
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Abrégé de pensée stoïcienne
Fils d’esclave et esclave lui-même avant d’être affranchi, d’ouvrir une école et de recevoir notamment la visite de l'empereur Hadrien, Epictète qui vécut au premier siècle après J-C livre dans ce court manuel des conseils propres à atténuer la rudesse des coups de l'existence.
Si nous savons que ce n'est que rarement la réalité mais l’opinion ou la représentation que nous nous en faisons qui nous tourmente, que certaines réalités ne dépendent pas de nous et qu’il nous est donc impossible d’avoir une action sur elles, si on sait que les flatteries et les dénigrements ne sont que les reflets de la pensée d'autrui à notre endroit et non l'idée que l’on se fait de soi-même, si on apprend à ne pas confondre telle personne avec ses goûts ou ses actions, nous vivrons plus modérément certes mais plus en paix, en accord avec nous-mêmes.
« Ce qui cause du chagrin à cet homme, ce n'est pas ce qui lui arrive (sinon cela ferait le même effet à tel ou tel), mais l’opinion qu'il se fait de cet événement. »

« Si tu veux atteindre l’objet de tes désirs, tu le peux. Exerce-toi à ce qui est en ton pouvoir. Tout homme a pour maître celui qui peut lui apporter ou lui soustraire ce qu’il désire ou craint. Que ceux qui veulent être libres s’abstiennent donc de vouloir ce qui ne dépend pas d'eux seuls : sinon, inévitablement, ils seront esclaves. »
Un guide pour distinguer les plaisirs possibles des plaisirs incertains. Un manuel de survie dont on peut, aujourd'hui plus que jamais, faire bon usage.
Une heure pour soi 9 étoiles

C'est un tout petit livre : 23 pages et 53 "chapitres".
Il résume la pensée d’Épictète dont nous n'avons par ailleurs qu'une connaissance partielle grâce aux "entretiens" que nous a (partiellement) communiqué un de ses disciples - Flavius Arrien - et qu'on peut lire notamment dans le beau pléiade consacré aux stoïciens.
Cette philosophie qui recentre l'individu sur sa mission (ce qui est conforme à sa nature) et le pousse à progresser vers la "vertu", qui prône une forme du bonheur (l'harmonie de l'individu avec sa nature) et l'absence de maux (ce qui ne dépend pas de nous) est-elle encore applicable aujourd'hui ?
Je crois que notre époque hyper communicante nous éloigne de cette philosophie : nous nous intéressons à de très nombreuses choses sur lesquelles nous n'avons aucune emprise, nous vivons dans l'abondance et l'exhibitionnisme (qui s'il n'est une règle est une tendance très forte de notre époque).
Alors, pour ma part, cette lecture me fait du bien. Elle peut aider à nous repositionner à notre juste place. Faire taire de vaines ambitions. Eteindre de futile sensibilités.
Plus qu'une lecture de ces quelques pages, c'est à une relecture régulière qu'il faudrait s'astreindre. Il faut une heure pour absorber ce "manuel". S'astreindre régulièrement à une heure de cette philosophie ne peut qu'apporter au lecteur une forme de progrès dans la connaissance qu'il a de lui et surtout dans l'évolution tangible de son être.
Je me permet aussi de vous recommander les 4 premiers "entretiens" d’Épictète qu'on peut lire dans le pléiade des stoïciens.

Fredericpaul - Chereng - 62 ans - 24 novembre 2014


Contrôler ou supprimer ses désirs ? 7 étoiles

Epictète nous offre une leçon clé : ce ne sont pas les choses en elles-mêmes qui nous asservissent, mais les évaluations que l'on en fait, le jugement qu'on leur porte. Dès lors, distinguer ce qui est à notre portée de ce qui ne l'est pas, contrôler nos désirs en somme, devient crucial pour éviter les frustrations et donc être heureux.

Tout en étant conscient de l'extrême ascétisme et ses dangers où cela peut mener (superbe critique éclair de Jules !) il y a toutefois dans ce "Manuel" de très bonnes leçons morales desquelles s'inspirer. La tempérance, l'individualisme, ses encouragements à se concentrer sur l'essentiel parleront en effet, aussi, à ceux étrangers à certaines valeurs de nos sociétés, où le confort matériel est poussé jusque dans ses plus extrêmes retranchements.

À lire absolument.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 17 juillet 2012


Mon nectar, mon ambroisie ! 10 étoiles

Ce livre, c'est le pilier de ma vie, mon étoile philosophique. Je l'ai lu pour la première fois à 14 ans et désormais, tous les ans, je me replonge dans le manuel qui conserve une force, une âme incroyable malgré ses siècles de poussière !
Le seul livre que j'emporte partout avec moi, mon soutien dans les moments difficiles, mon guide surtout quand il est adjoint des entretiens ( la suite de l'oeuvre du penseur).
La sommet est atteint dans " ce ne sont pas les événements qui font peur aux hommes mais les idées qu'ils s'en font !"

Jarkus - - 38 ans - 11 août 2004


Une seule vie ! 5 étoiles

A nouveau, je ne peux adhérer à la philosophie globale d'Epictète. Avec de tels raisonnements et une telle vie, cet homme n'est plus un homme. Quoi ? Pas de femme, pas d'enfants, la résignation et l'abstinence en tout... J'estime, quant à moi, que de tels philosophe sont des idéologues et non des philosophes. Si la philosophie a pour but de tenter d'apporter un certain bonheur aux hommes, elle se suppose accessible aux êtres humains. Ici, nous sommes dans l'ascèse la plus totale, c'est à dire à l'opposé de ce que souhaite toute nature humaine normalement constituée. Il est normal que cette philosophie ait été adoptée par de nombreux ordres religieux, mais si elle avait dû être suivie par la majorité des êtres humains, nous ne serions pas là pour en parler. Le monde serait dépeuplé ! Comme le voulaient les Albigeois ! N'y a-t-il pas aussi derrière ces pensées une certaine peur de la vie ? Cela me fait bien plus penser à la peur de s'engager, de faire, de vivre, de progresser. Tout n'est pas bon dans le monde et dans le progrès mais je ne pense pas que le fatalisme et le statu-quo auraient pu être une solution...

Mais il y a toujours quelque chose à prendre dans toute pensée. Le tout est de savoir jusqu'où... Certains éléments sont très utiles à méditer, mais ne laissons pas cette pensée devenir une idéologie à appliquer par tous.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 29 janvier 2004


Cet esclave était un maître 10 étoiles

Le "Manuel" d'Epictète est un recueil de pensées du célèbre philosophe grec qui influença les premiers chrétiens ( Saint Nil en fit une adaptation ) , les moines bénédictins ( la règle de Saint Benoît en est tout imprégnée ) et même Pascal . Comme Socrate , Epictète n'a rien écrit lui-même . Son enseignement était uniquement oral . C'est son disciple Flavius Arrien qui , se servant de ses notes , a d'abord écrit " les Entretiens d'Epictète" soit 8 volumes dont il ne reste que 4 , puis a résumé le tout dans ce petit livre . Le Reader's Digest n'a rien inventé !
Ce philosophe était au départ un esclave de par son origine familiale . Son maître , charmé par son intelligence exceptionnelle , l'affranchit ce qui lui permit de faire "profession de philosophe" . Il eut de très nombreux disciples . Il appliquait ses principes stoïciens au pied de la lettre , vivait sans femme , sans enfants , dans une toute petite maison sans aucun confort avec un grabat et une lampe à huile . Il était si pauvre qu'il ne fermait jamais sa porte car les voleurs n'auraient rien eu à prendre !
Son austérité , son mépris de la douleur et sa rigueur morale sont restés célèbres . "Supporte et abstiens-toi" dit-il .
Ses principes , exposés avec une grande clarté , sont faciles à comprendre , mais bien durs à mettre en pratique surtout à notre époque de matérialisme et d'hédonisme . Avec lui , on nage dans l'héroïcité des vertus , le tout emprunt de fatalisme et d'une recherche d'absolu par la maîtrise de l'intellect et des passions .
" Ce qui trouble les hommes , dit-il , ce ne sont pas les choses , mais les jugements qu'ils portent sur les choses ".
"Veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux ".
" C'est un signe d'incapacité mentale que de constamment s'occuper de ce qui concerne le corps , comme de donner trop de temps à la gymnastique , au manger , au boire (...) , aux choses de l'amour".
" Signes de celui qui progresse : il ne blâme personne , il ne loue personne , il n'accuse personne , il ne dit rien de lui-même comme de quelqu'un d'importance ou qui sait quelque chose ".
Un très grand texte .

CCRIDER - OTHIS - 76 ans - 29 janvier 2004