L'Amérique, 1965-1990 : Chroniques
de Joan Didion

critiqué par Anonyme12, le 13 septembre 2014
( - 14 ans)


La note:  étoiles
Puissant et intrépide
Voici de bien belles chroniques de l'Amérique psychédélique des années 60-70 rédigées de main de maître, pour tous ceux qui aiment Joan Didion ! Tour à tour nostalgiques (l'on y croise Jim Morisson et son pantalon cuir, John Wayne...) , et désespérés , les reportages au long cours sont littéralement au coeur de ces années, plongés dans l'Amérique profonde, désaxée et empreinte d'une jeunesse insouciante, anachronique , la drogue à plein nez ( lire chapitre: "requiem pour les années 60") .
Elle même en dépression, la journaliste affleure sans fioritures, avec force et puissance, les failles d'un pays, ausculte sans concession les fêlures d'une société pour assister à la fin du mythe américain.
A la lecture des chroniques (11 au total), l'on retrouve le caractère nébuleux de cette époque qui nourrira une décennie et les faits divers dans les journaux, dont les plus marquants sont relatés avec intelligence et clarté.
La presse parle d'elle comme une chroniqueuse "du dehors et du dedans", une marque de fabrique tout à fait reconnaissable dans les autres opus.
Au travers d'une écriture intimiste, c'est un curieux mélange d'histoire, de sociologie et de bonne littérature qui nous est proposé , dans un digne concentré journalistique.
Si le contexte m'a paru parfois un peu désuet et surtout pas franchement gai de New York jusqu'à la côte ouest de la Californie (c'est pour dire), j'apprécie toujours chez elle cette force d'écriture qui parvient à retranscrire une ambiance singulière .
Selon moi, voilà un très beau témoignage, vibrant d'émotions, né de la plume d'une jeune femme originaire de Sacramento , une Californie qu'elle évoque dans "Ici et Aillleurs", comme pour souligner l'implacable destinée de sa propre lignée. "les villes de la Vallée, écrit-elle, se comprennent entre elles, partagent une disposition d'esprit singulière. Une même pensée et une même allure. Moi je sais faire la différence entre Modesto et Merce, mais ce que j'ai été là-bas; je suis allée danser là-bas. "
C'est ça,l 'Amérique.