Sous le radar
de Pierre Breton

critiqué par Libris québécis, le 13 septembre 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Les Ti-culs de la Beauce
C’est un village de la Beauce, une région située au sud de la ville de Québec, qui sert de décor à ce roman. Toutes les activités tournent autour de l’impressionnante église et d’une base de l’armée, dont les militaires ont comme mission de détecter toute attaque aérienne pendant la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique. La voûte céleste est l’objet d’une étroite surveillance par de puissants radars qui ont inspiré le titre.

Hormis les agriculteurs qui cultivent des terres de roche, la population peut compter sur cette base pour y décrocher un emploi en marge de la spécificité militaire. Chacun peut ainsi vivre en s’évitant la misère. Mais que font les ti-culs (enfants, terme affectueux) dans cette galère ? L’auteur se penche sur deux adolescents caractérisés par leur antagonisme. Tom Higgins est un enfant d’origine irlandaise. C’est déjà assez pour être rejeté de tous. Mais sa témérité l’impose aux garçons du village. De crainte de passer pour un pissoute (peureux), le héros du roman, un bon canayen, est ainsi devenu le complice des incartades d’un ti-crisse (un petit diable) qui n’a pas froid aux yeux : intrusion sur la base militaire, falsification des bulletins de vote lors des élections… C’est la musique qui est à l’origine de leur amitié. Tom fait découvrir à son bras droit tous les nouveaux chanteurs qu’il capte d’une radio américaine. Quelle découverte que les « Biteules » ! Leur cœur bat à l’unisson au rythme de la musique des années 1960 en même temps qu’il bat pour une camarade de leur école.

Le roman serait assez fade s’il se limitait à raconter les mauvais coups de ce tandem dépareillé. Il apprend de force ce qu’est la vie en se retrouvant en Ontario pour la cueillette du tabac. Les rêves se butent à des contingences que l’on ne peut éluder, surtout quand la base militaire ferme ses portes à la fin de la guerre froide. 70 pères de famille perdent leur emploi. La situation affecte les deux ratoureux (espiègles), chamboulés par le carrefour imprévu que l’on dresse sur le chemin qu’ils suivaient.

Derrière la page couverture assez insipide se cache un roman d’époque plutôt réussi. Les péripéties s’enchaînent naturellement, mais la narration aurait profité d’une écriture plus peaufinée. Tout de même, l’œuvre promet quelques heures d’un bon divertissement, assuré par un humour parfois estudiantin.