Médecin catholique, pourquoi je pratique l'euthanasie
de Corinne van Oost, Joséphine Bataille (Co-auteur)

critiqué par Le rat des champs, le 12 septembre 2014
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Un témoignage qui vient du coeur
Voici un bel exemple de livre inclassable. C'est à la fois un itinéraire bouleversant de vie, un témoignage spirituel, une information accessible à tous sur les soins palliatifs, quelques souvenirs émouvants sur les patients en fin de vie que l'auteur a soignés avec compétence et dévouement, et un livre militant sur l'euthanasie que Corinne Van Oost pratique toujours avec un coeur immense. Pour elle, l'euthanasie est un mal, mais parfois un mal nécessaire ou tout au moins un moindre mal. Toujours disponible pour ses malades, elle nous dit, je la cite, qu'en pratiquant l'euthanasie, aux rebours de ceux qui avancent leur foi pour s'en abstenir, elle a l'impression qu'elle témoigne de Dieu et de sa compassion pour l'homme, et que dans le fond, elle se respecte plus profondément. Personnellement, je pense que ceux qui comme elle, sont capables de tout sacrifier en eux, y compris parfois leurs valeurs, par amour pour autrui sont très proches d'un état que certains qualifient de sainteté.

La photo d'Albertine, la première femme qu'elle a euthanasiée, ne quitte jamais son portefeuille, elle ne quittera jamais son coeur. Albertine qui souffrant d'une maladie neurologique incurable lui a fait le cadeau de la respecter, d'attendre malgré les souffrances terribles qu'elle endurait, qu'elle soit prête à transgresser par amour l'interdit majeur, "Tu ne tueras point." Après avoir accompli cet acte suprême de fraternité, Corinne s'est retirée seule pendant deux heures, en pleine nature, et comme je la connais, je suis sûr qu'elle a pleuré toutes les larmes de son corps.

Médecin référent de l'association de soins palliatifs du Brabant Wallon, chrétienne engagée, femme de coeur, elle nous dit qu'il y a un mal plus important que l'euthanasie, c'est de ne pas écouter la souffrance d'autrui. Et pour écouter, alors là, Corinne écoute. Confrontée à une demande d'euthanasie, elle cherche toujours à comprendre, à savoir si son patient ne peut pas être soulagé d'une autre manière et si on ne peut pas lui offrir encore quelques heures, quelques journées de vie, les plus heureuses et gratifiantes possible.

Elle qui naguère a milité contre la légalisation de l'euthanasie nous dit aujourd'hui, à la lumière de son expérience et de son immense compassion pour ceux qui souffrent, qu'une société qui autorise l'euthanasie gagne en humanité. Elle espère que son pays d'origine, la France, admettra lui aussi que la compassion agissante ne doit jamais être combattue par la loi des hommes.

L'accompagnement de ses patients dans leurs souffrances est devenu le moteur de la vie de cette femme admirable à tous points de vue. Ceux qui, comme moi, ont eu la chance de croiser sa route ressentent un immense respect pour cette femme exceptionnelle, dont le sourire magnifique témoigne de la grandeur d'âme.

Ce livre est préfacé par la théologienne Véronique Margron et postfacé par Gabriel Ringlet, un ancien vice-recteur de l'université catholique de Louvain, bien connu en Belgique pour sa grande ouverture d'esprit. En annexe on trouvera le texte de la loi belge qui dépénalise l'euthanasie et en détaille les conditions.