Spiridons
de Camille Von Rosenschild

critiqué par Ellane92, le 9 septembre 2014
(Boulogne-Billancourt - 48 ans)


La note:  étoiles
une histoire de fantômes !
Victor a 18 ans quand il arrive en Russie, une lettre à la main et rien dans les poches. La lettre est celle de Vassili, le monsieur qui s'est occupé de lui quand ses parents ne le pouvaient plus, et elle est destinée au fils du vieillard Russe. Oui mais voilà, arrivé à Moscou, Victor découvre que le destinataire du courrier est décédé et se fait agresser sur la voie publique. C'est une vieille Tzigane, Olga, qui l'empêchera de finir écraser sous les roues d'une voiture.
Victor devient bien vite l'invité et le salarié d'Olga. En échange du gite, du couvert, et d'argent, il doit numériser sur une clé USB tout un tas d'archives poussiéreuses emplies d'abréviations sans queue ni tête. Enfin, il ne doit pas poser de question ni sur sa tâche, ni sur ce qui se trouve dans les autres pièces de la maison.
Oui mais voilà, peu de temps après l'arrivée de Victor, Olga meurt, assassinée probablement par le moine borgne avec un chat sur l'épaule qui trainait du côté de la maison. La morte avait tout prévu, même son décès, et laisse un courrier énigmatique à Victor, dans lequel elle lui explique que sa vie est menacée, et que seules les Tziganes des Carpates sauront lui assurer une protection efficace. Enfin, avant de partir, il doit lier avec le fil de Viviane les mystérieux Spiridons qui, privés du sens de l'orientation, seraient incapables par leurs propres moyens d'effectuer ce voyage.

Dans Spiridons, Camille Von Rosenschild dépoussière le mythe du fantôme. Plutôt qu'une forme éthérée ou recouverte d'un drap, les Spiridons ont un corps bien humain mais qui a perdu la capacité de ressentir, de se déplacer, d'éprouver de la douleur ou du plaisir. En revanche, ils n'ont rien perdu de leur personnalité, et la galerie de personnages que nous offre l'auteur est souvent savoureuse ! L'épopée de Victor et ses Spiridons à travers la Russie est amusante, pleine d'imprévus. Les descriptions de l'administration russe est plus vraie que nature. Enfin, l'auteure entretient le mystère sur les Spiridons, ce qu'ils sont, d'où ils viennent, quel est leur but ou leur fonction, etc… en distillant au compte-gouttes et au moment les plus (in)opportuns les informations le concernant, pour la plus grande surprise de Victor et la nôtre !
Le quatrième de couverture indique que l'auteure a été nourrie à l'œuvre de Tim Burton. C'est vrai qu'il y a un petit côté de Noces Funèbres dans ce titre, avec son personnage balloté par les évènements dans le monde de la mort, monde étrange et surnaturel mais pas si effrayant que ça. J'ai trouvé qu'il y avait également un petit peu de Tristan Thorn (personnage de Stardust, de Neil Gaiman), dans cette façon d'accepter l'étrangeté et la remise en cause du monde tel que le héros, Victor, l'a toujours connu. Mais Camille Von Rosenschild a un style bien particulier, fluide et plaisant, qui nous mène dans son univers bien à elle, plein de mystères et de fantastique.
Si j'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre, je regrette toutefois un manque de tension sur une grande partie du récit. Les incursions dans le monde des moines ou des Tziganes ne sont pas, à mon avis, suffisantes pour créer cette "pression" sur le lecteur, pour maintenir haut son intérêt, pour faire battre son cœur un tout petit peu plus vite que la normale. Je regrette également d'avoir découvert en fin d'ouvrage que "Spiridons n'était que le premier tome d'une série. En même temps, si je l'avais su, je ne l'aurais sans doute jamais lu et aurais donc raté cette belle lecture.

Ainsi on appelle les Tziganes des voleuses, car, partout où elles vont, elles serpentent et se faufilent, l'œil plissé et l'oreille tendue. Mais l'Ether m'est témoin que jamais aucune d'elles n'a volé qui que ce fût. Que nous importent vos biens terrestres puisque nous gouvernons vos âmes ? Celui qui nous traite de brigandes nous connait bien mal…
Mitigé 6 étoiles

Le résumé m'a immédiatement attiré et notamment le bandeau qui fait référence à mon réalisateur préféré : Tim Burton. Si le début du roman m'a plu, la suite m'a déçu et je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire malgré des qualités évidentes.

Ce qui m'a d'abord frappé, c'est le changement total de décor. La plupart des romans pour jeunes adultes se passent aux Etats-Unis ou en Europe mais Camille Von Rosenschild sort des sentiers battus puisqu'elle nous projette... en Russie! Nous suivons Victor, un adolescent qui a tout quitté pour se rendre dans ce pays inconnu et porter une lettre au voisin de son fils. Lorsque Victor arrive en Russie, il découvre un pays à l'opposé de celui qu'il connait et ne tarde pas à s'attirer des ennuis. Il vit d'abord dans la rue, en compagnie d'un autre jeune : Horace avant d'être recueilli par une vieille tzigane qui lui promet gîte et couvert en échange d'une étrange mission : numériser des documents qui n'ont aucun sens pour le jeune garçon.

L'ambiance est pesante tout au long de la lecture. C'est à ce niveau que j'ai remarqué une ressemblance avec Sleepy Hollow de Tim Burton. Mais pour moi, la comparaison s'arrête là car Spiridons n'a pas de côté décalé propre au réalisateur.
L'univers créé par l'auteure est intéressant. Camille Von Rosenschild nous propose une histoire de fantôme plutôt spéciale. Elle les nomme Spiridons et leur a donné des particularités inédites. Les Spiridons sont visibles par les humains mais ils ne sont pas fait de chair. Ils n'ont pas le sens du toucher (hormis un) et n'arrivent pas à se repérer dans l'espace. Je les ai trouvé fascinants.

Camille Von Rosenschild a une plume à la fois moderne et classique. Le style est mature, elle utilise un vocabulaire riche et l'atmosphère est parfaitement bien décrite.
Malheureusement, le récit souffre de nombreuses longueurs. Il y a de l'action certes, mais aussi des passages creux et ennuyeux notamment lors des dialogues. A mon avis, le défaut principal de ce roman et la psychologie des personnages qui manque de profondeur. Je n'ai pas réussi à m'attacher à Victor ni même à me le représenter. Il va vivre une quête initiatique et ce genre de roman nécessite un héros fort en caractère.

Pour conclure, malgré une écriture maîtrisée et un univers original, j'ai eu énormément de mal à me plonger dans ce roman à cause des longueurs et surtout d'un héros peu charismatique. Il s'agit d'un premier roman et Camille von Rosenschild a du talent, c'est indéniable. Je ne lirai pas la suite de Spiridons mais je serais curieuse de découvrir l'auteure dans un registre différent.

Mario-san - - 44 ans - 31 octobre 2014