Chien rouge de Marie Sellier

Chien rouge de Marie Sellier

Catégorie(s) : Enfants => 10-12 ans , Enfants => 12-15 ans , Littérature => Romans historiques

Critiqué par JulesRomans, le 7 septembre 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 65 ans)
La note : 10 étoiles
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Chien rouge mais pas setter irlandais pour autant

"Chien rouge" de Marie Sellier permet une approche de la vie et l’œuvre de Paul Gauguin. La couverture est la reprise, en le simplifiant et en forçant largement sur la dimension éclatante du rouge attribué au chien, d’un tableau " Arearea" (mot tahitien qui pourrait signifier "joyeusetés") peint en 1892 par l’artiste lors de son premier séjour dans la nouvelle possession française de l’Océan Pacifique. Ce tableau est reproduit sur la boîte à sucre d’une famille.

L’ouvrage ouvre avec la chanson :

« Formidable, foormidable,
Tu étais formidable, j’étais fort minable »

Son interprète étant Stromae, cela nous permet d’apprendre qu'est belge le père de la famille présentée là. Toutes les composantes de cette dernière sont intéressées par Gauguin (y compris pour le rejeter comme c'est le cas avec Clovis); le père a fini par devenir peintre et à faire des séjours à Pont-Aven en Bretagne pour l’inspiration. Line, une des enfants, supporte mal lorsqu’il s’éloigne et attend fébrilement qu’il l’appelle au téléphone.

Le père ne fait-il pas payer cher à beaucoup de monde une passion dont il a voulu faire un métier :

« Le fond du problème, c’est que Péné de Bruyn estime s’être sacrifiée pour son mari. Pour permettre à Paul de se consacrer à la peinture, elle a accepté de travailler dans un cabinet de conseillers fiscaux. Et vingt ans après elle y est encore. Alors qu’elle rêvait d’être décoratrice ou brocanteuse. Chiner, dégoter de vieux machins, les rafistoler, les assembler, en faire des merveilles, voilà à quoi elle aimerait occuper ses journées. Si encore Paul de Bruyn avait percé, si encore sa peinture était reconnue ! Mais il fait du rase-mottes depuis vingt ans, in connu au bataillon des grands artistes contemporains. Un loser, dit sa femme quand elle est vraiment énervée. Autant dire qu’elle s’est sacrifiée pour rien ». (pages 18-19)

Un des aspects intéressant de l’ouvrage est que le narrateur est omniscient, même si Line parle à première personne au début de l’ouvrage :

« Mais maman ne fait même pas le geste de s’en emparer. Trop de désespoir tue » (page 11)

Elle a deux frères :

« Cette boîte, la boîte au chien rouge, les trois enfants de Bruyn l’ont toujours connue, elle ne quitte jamais pour ainsi dire la table de la cuisine » (page 14)

« Il y a entre Line et lui un accord tacite depuis que leur mère s’est mise en vacances des tâches ménagères (plus de courses, plus de cuisine, plus de ménage) : Clovis gère le matin et le pain, Line s’occupe du soir et du supermarché. Milo, lui, est au-dessus de ces contingences matérielles » (page 20)

Depuis la maternelle Line, Morgane et Kira se fréquentent et s’apprécient et le fil rouge de l’ouvrage est leur travail pour un exposé sur Gauguin et selon les chapitres c’est plutôt l’opinion de l'une ou de l’autre qui prédomine dans le discours.

Dans un dialogue que nous avons eu avec l’auteure, celle-ci nous a écrit qu’elle désirait faire approcher certains points :

« Comment un jeune d’aujourd’hui appréhende-t-il un artiste majeur de l’histoire de la peinture ? De quels outils dispose-t-il pour plonger dans son œuvre, dans sa biographie ? Une œuvre doit-elle être appréciée à l’aune de la vie de son auteur ? Quelles émotions suscite un tableau ?… Voici le type de questions que j’avais envie d’explorer dans mon cinquième roman consacré à un artiste. J’ai choisi d’enchâsser une plongée dans l’œuvre et la vie de Gauguin au cœur d’une fiction très contemporaine, de faire revivre le peintre à travers les yeux de trois filles d’aujourd’hui. C’était un pari, vous me direz s’il a été tenu ».

Loin de tout didactisme et d’artificialité dans le récit ce texte permet, grâce en particulier au fait que Gauguin et ses tableaux comptent pour de nombreuses personnes, une approche renouvelée du roman de littérature de jeunesse. "Chien rouge" s’inspire de certaines caractéristiques du roman historique, sans pour autant pouvoir être classé vraiment dans cette catégorie. L’on pourra voir sur ce site que si nous avions déjà soulevé la grande qualité de certaines productions de Marie Sellier, nous n’avons pas été le seul.

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