Les Sous-sols du Révolu : Extraits du journal d'un expert
de Marc-Antoine Mathieu

critiqué par Blue Boy, le 20 août 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
L’art en sous-sol
Eudes, « volumeur » de son métier, est chargé de faire l’inventaire des caves d’un certain Musée du Révolu, avec un commis nommé Léonard... C’est ainsi que sur une durée de 18.134 jours très exactement, il va explorer de fond en comble les interminables dédales souterrains du musée, dont l’anagramme évoque un autre haut-lieu culturel parisien.

Il semble décidément impossible de mal noter Marc-Antoine Mathieu (« MAM » pour les intimes), tant celui-ci place la barre haute à chaque fois. Toutefois, ce n’est pas ce que j’ai préféré parmi ses productions. Est-ce parce qu’il s’agit d’un travail de commande ? Bien sûr, on retrouve son univers et sans nul doute, MAM a honorablement rempli son contrat, qui consistait à présenter une œuvre artistique revisitant le musée du Louvre. Dans cette désormais fameuse ambiance noir et blanc un peu inquiétante à laquelle notre doux-dingue nous a habitué, les pérégrinations de Eudes le volumeur donnent lieu à des réflexions pertinentes sur l’art en général et la conservation des œuvres, avec toute la fantaisie et l’humour absurde propres à son auteur. Comme dans Corentin Acquefacques et la plupart de ses autres productions, on retrouve ces mêmes sensations de vertige face à des mises en abyme et cheminements cérébraux très imaginatifs, parfois on même on s’esclaffe.

Alors qu’est-ce qui fait que cet opus m’a semblé un peu en dessous ? Peut-être ce côté moins ludique, avec plus de textes et moins de délires visuels empiétant parfois sur le livre physique comme à l’accoutumé – MAM s’est seulement autorisé un pliage en page 35. Peut-être ce côté plus statique et claustrophobique aussi. Cette promenade un peu monotone dans les sous-sols du musée – même si ceux-ci ne semblent pas avoir de limites – finit par susciter une sorte de malaise lié sans doute à une vague sensation de confinement.

Et comme sieur Mathieu nous a généreusement habitués au meilleur, ses enfants gâtés de lecteurs sont évidemment là pour le lui reprocher dès qu’il y a une petite baisse de régime ! Le point positif, c’est que cet album représente véritablement un pont dressé entre l’art institutionnel et le neuvième art (le petit dernier toujours un peu turbulent), non sans une certaine ironie de la part de l’auteur. A lire tout de même malgré ces légers griefs.