Les copains de Jules Romains

Les copains de Jules Romains

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Martin1, le 11 août 2014 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 855ème position).
Visites : 4 964 

Les copains

C’est le premier roman absurde que je lis. J’ai beaucoup ri parce que l’absurde était maîtrisé avec beaucoup d’humour et de surprise.
Résumé : une bande de sept copains, agacés par la présence impertinente d’Ambert et d’Issoire sur la carte de France, sont décidés à se venger. Pour ce faire, ils commencent par rédiger des strophes ridicules – et d’une lourdeur peu commune – faisant rimer Issoire et Ambert avec passoire et camembert. Mais cet affront n’étant pas suffisamment téméraire, ils se décident à consulter un somnambule. Interprétant les propos sibyllins qu’a rédigé le singe de ce dernier, ils se retrouvent à Ambert afin de mettre à exécution leurs plans diaboliques !
A Ambert, ils ont de la peine à se retrouver devant la façade, car l’hôtel est circulaire et chacun a pris l’initiative de tourner autour dans le sens des aiguilles d’une montre !
Ils vont simuler une attaque de nuit dans la caserne d’Ambert, puis Bénin, déguisé en prêtre, fera l’éloge de l’impureté, poussant ainsi les paroissiens de la ville à pécher sans remords. A Issoire, la grande statue de Vercingétorix se met à parler et à insulter l’assistance : la ville est détruite par l’événement !

Ce livre est intéressant pour avoir un bon exemple du roman absurde. Si certains passages m’ont fait rire (les diatribes contre Ambert et Issoire, les vers éléphantesques de Broudier et le manège autour de l’hôtel de ville), d’autres m’ont paru d’une lourdeur agaçante, surtout sur la punition des sous-préfectures du Puy-de-Dôme. Le passage avec le prêtre n’est pas à prendre au sérieux, mais tout de même, la verve de l’auteur est si enflammée qu’on se pose des questions.
Pour le reste, ce livre possède un certain charme : les « Copains » sont des êtres ordinaires qui, à force d’ivresse et d’absurdité, se sont fait extraordinaires. C’est amusant de voir Bénin et Broudier, par exemple, se donner la réplique ou rouler à vélo côte à côte (à Bénin revient le côté gauche du monde, à Broudier le côté droit).
Donc, un roman assez intéressant, qui me laisse à penser que l’absurde est un choix de style qui demande surtout de l’adresse et de l’humour fin. C'est aussi un bon exercice pour constater la richesse imaginative de l'auteur, ainsi que son génie narratif. Il n’est pas donné à tous de parvenir à quelque chose de bon.

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Les éditions

  • Les Copains [Texte imprimé] Jules Romains
    de Romains, Jules
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070361823 ; 4,13 € ; 23/08/1972 ; 154 p. ; Poche
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Le grand délire !

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans) - 8 septembre 2018

Ils sont sept jeunes copains un peu anars sur les bords, anticonformistes et très farfelus. Ils prennent en grippe deux petites villes françaises qui, estiment-ils, par le simple fait d’exister, sont d’une arrogance insupportable : Ambert et Issoire. Pour eux, une seule solution : la vengeance doublé d’humiliation. Déguisés en ministres, ils foutent une gigantesque pagaille dans une garnison militaire. L’un d’eux se fait passer pour un envoyé du pape Pie X et prône, désormais, les rapports sexuels pour tous les âges et sans retenue. Pour finir, un Vercingétorix grimpe sur un cheval que la municipalité d’Issoire inaugure en grande pompe. Mais le vaillant Gaulois est entièrement nu et bien vivant. « Son sexe, bien étalé sur l’échine du cheval, frappait à la fois par sa grosseur et par son naturel. Les dames, et plus d’une jeune fille, n’en finissaient pas de l’admirer. » .L’histoire se termine, évidemment, par une ripaille.

Le texte est truffé de poème que l’on qualifiera de « circonstance » avec, ça et là, des sentences en latin ( avec ou sans traduction).

Bref : le grand délire qui fut publié en 1922 (au début des « années folles ».)

Extraits :

* Maintenant, vous avez un vase de nuit sous le premier lit. Je vous demande de ne le remplir qu’à moitié, rapport à la fente qu’il a dans le haut.
* - Merdam ! Merdam !, hurla Bénin exaspéré.
- Salut ! Salut !, cria le traducteur.
- Utinam aves super caput tuum cacent !
- Que les oiseaux du ciel répandent leur bénédiction sur votre tête !
Bénin se tut. Broudier fit un signe. Et la fanfare attaqua l’Hymne russe qui se défendit bien.

En 1965, Yves Robert a tourné un film de ce roman, avec une pléiade de comédiens qui ont fait par la suite une belle et grande carrière :

https://www.dailymotion.com/video/xaw8qt

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