Le Pays sous le ciel
de Matilde Asensi

critiqué par Débézed, le 5 août 2014
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Epopée dans la Chine millénaire
Même Rocambole serait resté pantois devant l’énormité et l’invraisemblance des difficultés accumulées par l’auteure dans ce périple de près de cinq cents pages au cœur de la Chine millénaire où elle entraîne ses héros à la recherche du gigantesque trésor accumulé par le premier empereur de Chine. Des difficultés improbables, inconcevables, irréelles qu’une peintre espagnole émigrée en France devra surmonter avec sa petite troupe sans se préoccuper de la cohérence et de la plausibilité des aventures qui lui sont proposées, nous la suivrons dans ce périple haletant en restant seulement attentifs à tout ce qu’elle nous apprend sur la Chine ancestrale et notamment le taoïsme et toutes les pratiques ésotériques qui s’y rattachent : fen shui, énergie qi, tai chi, wei chi, etc…, etc… Une lecture de vacances à ne pas trop prendre au sérieux mais qui peut tout de même nous donner un aperçu des fondements de la culture et des mœurs chinois souvent encore obscurs pour les Occidentaux.

« Le Pays sous le ciel », c’est « l’Empire du milieu », la Chine des empereurs, principalement des Ming et des Qin, dans laquelle nous entraîne Matilde Asensi pour cette fiction qui met en scène une peintre espagnole ayant épousé un riche industriel français qui l’a rapidement abandonnée à Paris pour prendre la direction du comptoir familial à Shanghai. Vingt ans après cette séparation, en 1923, elle se rend dans cette ville où son mari a été assassiné, pour rapatrier sa dépouille et toucher l’héritage qui lui permettrait de sortir des difficultés financières qu’elle rencontre pour lancer sa carrière d’artiste.

Mais sa déception est immense quand elle apprend que son mari était ruiné et qu’il ne lui laisse que des énormes dettes auxquelles elle ne peut pas faire face. Un antiquaire, en affaire avec son mari avant son décès, lui indique une porte de sortie possible à sa situation dramatique : lui restituer un coffret d’une grande valeur qu’il a vendu à son mari sans en connaître l’importance réelle. Ce coffret contient les indices permettant de rassembler les trois fragments d’un manuscrit ancien qui donnerait les indications nécessaires pour retrouver le trésor du premier empereur de Chine. Un trésor qui donnerait une légitimité nécessaire à qui voudrait s’installer sur le trône de l’Empire du milieu mais surtout une fortune colossale à qui pourrait se l’approprier.

Pour retrouver ces fragments de manuscrits, Matilde Asensi nous entraîne, avec la peintre et sa nièce, l’antiquaire et son ami irlandais et un jeune serviteur chinois, dans une longue quête rocambolesque à travers la Chine des années vingt, en partant de Shanghai vers Nankin, Hankou, Junzhou et Xi’an l’ancienne capitale des premiers empereurs dans les montagnes centrales où se trouverait le mausolée enfoui du premier empereur à avoir rassemblé les royaumes chinois sous une seule bannière. Une incursion très documentée dans une Chine encore trop méconnue dans notre civilisation et une belle occasion de découvrir l’histoire et les légendes qui l’ont façonnée. Une opportunité aussi de mieux connaître la Chine de cette période où le Kuomintang était encore l’allié des communistes dans une lutte vaine contre les « seigneurs de la guerre », laissant le champ libre aux fameuses triades et sociétés secrètes qui pullulaient alors. Notre petite troupe devra ainsi tour à tour affronter, fuir, tromper, leurrer toutes ces forces elles aussi fort intéressées par le trésor et la légitimité du premier empereur de Chine.