La splendeur des Lansing
de Edith Wharton

critiqué par Saule, le 17 octobre 2003
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Wharton en toute grande forme
imaginer le dilemme : vivre pauvre mais avec la personne qu'on aime ou épouser un prétendant qui vous offre cinq valets de pied, des zibelines, des diadèmes à profusion, la considération sociale. Que choisissez-vous ? Comme le dit judicieusement un personnage
« Bien sur il y a les saints, les génies, les héros, les fanatiques de tout poil !... A laquelle de ces catégories crois-tu que nous appartenions, nous, les mous ? ».
Ce dilemme c'est celui de Suzy Lansing. Suzy et Nick Lansing sont jeunes mariés et ils s'adorent. Ce sont des pique-assiette de haut vol : ils vivent dans le sillage des riches. Un malentendu les sépare momentanément et voilà que Suzy se voit offrir le gros lot : une des plus grandes fortunes d'Angleterre la demande en mariage.

Cette casuistique va tenir le lecteur en haleine. Car le lecteur se passionne pour ce jeune couple et l'auteur qui nous tient en son pouvoir décide de nous faire languir jusqu'à la dernière page. Vraiment on ne s'ennuie pas une seconde dans ce roman psychologique
passionnant. Wharton y tient la grande forme : le texte est truffé d'expressions et de tournures de phrases subtiles, c'est un pur régal
au niveau du style. Cette incursion dans le monde de la haute société, dont le luxe ahurissant n'a pour égal que la petitesse d'esprit et la vanité de ses membres, est un délice. La lecture évasion en plein : on s'immerge complètement dans ce monde délicieusement rétro et plein de futilités. De l'évasion certes mais c'est loin d'être bête. Sous la satire sociale pointent des considérations pleines de justesse sur la richesse, l'envie, la jalousie, les vraies valeurs. Du tout bon Wharton je vous disais.
La haute société dépeinte sans concession 8 étoiles

Edith Wharton croque avec beaucoup d'ironie le petit monde de la haute société américaine et anglaise, si superficiel. Elle le fait avec un talent incontestable et sans langue de bois. Ces nouveaux riches en prennent pour leur grade. Comme le souligne Saule, il s'agit d'un véritable roman psychologique, l'écriture de la romancière est en effet un vrai régal et elle excelle dans l'art d'exprimer les sentiments avec une subtilité digne d'Angela Huth. Mais malgré tout, j'ai un tout petit regret concernant l'intrigue principale, qui m'a semblé digne d'une Barbara Cartland et dont la fin ne réserve aucune surprise. J'aurais aimé un suspense un peu plus grand quant à l'issue ou du moins que la romancière étoffe un peu son roman. Mais c'est finalement un reproche insignifiant au vu du plaisir pris à la lecture de ce roman, qui ne sera pas le dernier que je lirai d'Edith Wharton.

Féline - Binche - 45 ans - 14 novembre 2003