Champions du monde 98 : secrets et pouvoir
de Arnaud Ramsay, Gilles Verdez

critiqué par Incertitudes, le 3 août 2014
( - 39 ans)


La note:  étoiles
On est champions, on est tous ensemble
Que voilà un titre bien mystérieux. Champions du Monde 98, secrets et pouvoir.

Je me languissais de lire ce livre pour deux raisons :

-Me replonger dans cette Coupe du Monde 98 que j'avais suivie de bout en bout et qui est un peu "ma" Coupe du Monde.
-Parce que, sauf erreur de ma part, les bouquins qui reviennent précisément sur cet événement sont rares. Enfin, moi je n'en connais pas.

La question centrale du livre est de savoir s'il existe au sein du foot français un lobby France 98. Il apparaît que non.

France 98, c'est un groupe de potes, enfin pas complètement, disons plutôt un groupe de joueurs tous unis envers un même objectif : devenir champion du Monde. Et ils y sont parvenus. Mieux, ils ont remporté le championnat d'Europe en 2000. A l'époque, ils étaient les premiers à l'avoir fait. Puis, il y eut l'Espagne vainqueur de l'Euro 2008 et 2012 et de la Coupe du Monde 2010.

Les explications quant à ce règne entre 1998 et 2000 sont multiples. Une très grande cohésion. Je le sentais de l'extérieur. Cette complicité entre les joueurs était palpable. Rien ne pouvait leur arriver.

Mais aussi une haine profonde de la défaite et une très grande culture tactique acquise en Italie. Nous sommes à la fin des années 90 et, à l'époque, les joueurs français expatriés à l'étranger ne jouaient pas tous en Angleterre mais en Italie.

Plus évidemment leur talent naturel et une certaine réussite qu'ils ont payé en 2002.

Après avoir analysé ces différentes victoires, le livre part sur les traces de ces champions du Monde pour savoir ce qu'ils sont devenus aujourd'hui.

Certains sont entraîneurs (Laurent Blanc, Didier Deschamps), certains sont consultants (Bixente Lizarazu, Christophe Dugarry), d'autres s'occupent de fondations diverses (Youri Djorkaeff, Christian Karembeu, Bernard Diomède) ou sont devenus businessman (Marcel Desailly, Stéphane Guivarc'h).

Mais alors aujourd'hui, France 98, est-ce un lobby ? Non. France 98 est devenue l'association France 98. Elle se réunit une ou deux fois par an pour refaire le monde en souvenir du bon vieux temps et pour disputer des matchs en faveur d'associations caritatives. Cet esprit de groupe est toujours présent bien que certains joueurs se soient éloignés de leurs anciens coéquipiers (Bernard Lama, Emmanuel Petit).

Alors certes, Deschamps est sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc entraîne le puissant Paris Saint Germain. J'ai également cité quelques consultants comme Lizarazu ou Dugarry qui ne se privent pas de mettre les pieds dans le plat. Mais c'est normal. Cette génération était exceptionnelle et elle risque de le rester car, depuis, personne n'a pris le relais. A mes yeux, ils ont cette légitimité pour jouer un rôle important au sein du foot français. La génération Platini avant eux, championne d'Europe en 1984, a bien vu Platoche devenir président de l'UEFA, Giresse, Tigana et Fernandez embrasser des carrières d'entraîneur.

Non, ce qui m'a surtout frappé, ce sont les différents courants politiques au sommet du foot français. Un petit exemple. Après le fiasco de l'Euro 2008, la tendance est que Raymond Domenech parte. Frédéric Thiriez, patron de la Ligue Professionnelle, propose Didier Deschamps qui serait partant pour le poste. Le président de la Fédération de l'époque, Jean-Pierre Escalettes, déjà complétement dépassé, accepte. Mais la DTN (direction technique nationale) dont est issue Domenech et avant lui Roger Lemerre (sélectionneur entre 1998 et 2002) et Aimé Jacquet (entre 1994 et 1998) dirigée par Gérard Houllier souhaite son maintien. Ce qu'elle obtiendra. Et ce qui entraînera le désastre de Knysna.

Qui sait ? Si l'emblématique symbole de France 98, Didier Deschamps avait été nommé, la fameuse grève du bus n'aurait sûrement pas eu lieu.