Syrie : Pourquoi l'Occident s'est trompé
de Frédéric Pichon

critiqué par Chene, le 1 août 2014
(Tours - 54 ans)


La note:  étoiles
L’échec total de la stratégie Occidentale en Syrie
Comment l’Occident a pu se tromper à ce point sur le drame syrien ?
La diplomatie française, en particulier, a enchaîné une série d’erreurs plus grosses les unes que les autres faites de cynisme et d’ignorance …
À grand renfort de médias complices, les gouvernements des pays occidentaux, France en tête, ont essayé de convaincre l’opinion publique de la nécessité d’une intervention militaire contre le régime de Bachar al Assad se résumant à frapper le territoire syrien (et les gens qui y habitent) et sa capitale Damas.

Les médias ont soigneusement sélectionné les images, utilisé des termes appropriés, déformé la réalité afin de nous entraîner dans une guerre qui aurait entraîné encore plus de chaos.
L’organe syrien des droits de l’homme (OSDH), structure de propagande inféodée aux frères musulmans, nous a asséné tous les jours le nombre de morts en Syrie causé par le régime de Bachar.

L’opinion dans sa grande sagesse n’y adhèrera jamais.

On appelle cela la « spy war ». Inventer un prétexte pour déclencher une guerre : telles les affaires des couveuses pour justifier la première intervention au Koweït, les armes de destruction massive pour occuper l’Irak… Je rappelle ici, que Hitler avait prétexté de l’attaque d’un poste-frontière allemand pour envahir la Pologne.

Frédéric Pichon, enseignant, arabisant et chercheur au sein d’une équipe d’un laboratoire de l’université de Tours, nous démontre avec beaucoup de clarté, les mécanismes qui ont entraîné ces erreurs d’appréciation.
Son ouvrage est captivant, se lit rapidement et permet de nous éclairer sur cette tragédie dont on ne comprend plus rien…

L’Occident a absolument voulu voir dans les insurgés syriens d’illustres démocrates épris de liberté luttant contre un dictateur sanguinaire dont le seul projet était de régner sans partage et de massacrer son peuple ?
Pourtant, de nombreux spécialistes savaient, dès le départ, que le conflit syrien ne pouvait être comparé au printemps arabe de la Tunisie et de l’Égypte.
En effet, contrairement aux Tunisiens et aux Égyptiens, les insurgés Syriens sont en majorité des djihadistes brutaux venus du monde entier (les combattants djihadistes seraient 45000 en Syrie). Ces derniers sont armés et financés par l’Arabie Saoudite et le Qatar (et la France ?) dans le but de faire chuter le régime de Bachar. Ces djihadistes sont aujourd’hui aux portes de l’Europe. Quelles conséquences pour nos sociétés ? Quels sorts seront réservés aux Chrétiens de Syrie et aux Alaouites (10% de la population syrienne) et aux autres minorités (la Syrie est composée d’une multitude de minorités) ?

Quels rôles ont joué le Qatar et les monarchies du Golfes dans ce conflit ? La France, ridiculement jusqu’au-boutiste, est elle aujourd’hui à ce point inféodé au Qatar ? (Pays grand défenseur des droits de l’homme comme chacun sait).

Finalement, ce conflit aura vu la Russie sur le retour de la scène internationale.

Un accord de règlement a été signé entre la Russie et les Américains.
Le comble est que, la France si belliqueuse, n’était même pas invitée à la table des négociations. C’est dire de la considération et de la place de la France dans le monde actuel.

L’auteur conclut « La France est sans doute le pays qui, avec le Qatar et l’Arabie Saoudite, a le plus perdu dans le conflit ».

Comment revenir maintenant à la table des négociations et redorer son image dans le monde arabe ?