Poubelle's girls
de Jeanne Desaubry

critiqué par Jean56, le 30 juillet 2014
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Une caravane, mais pas que...
Voilà un roman qui nous sort résolument des sentiers battus et ce n’est à coup sûr pas un « polar » que l’on est prêt d’oublier. La couverture à elle seule donne envie de plonger dans l’intrigue.
Élizabeth élève seule son ado de fils Mathis ; elle n’a pas de boulot fixe, travaille de gauche à droite, petits boulots de ci, de là, petits boulots mais boulots usant, éreintants, mal payés pour des employeurs qui ne connaissent pas le mot « reconnaissance » ou simplement ne savent pas ce que « merci » veut dire.
Au Pôle emploi d’un arrondissement parisien, elle rencontre Paloma, une femme en fin de droits et à la corpulence impressionnante. Paloma squatte depuis un bout de temps les halls de gare et les bancs publics. Pas d’un abord facile, la grosse. Et quand Élisabeth lui propose de loger dans une vieille caravane déglinguée, la réponse fuse, jaillit :
« Tu veux quoi en échange ?
Élisabeth secoue la tête. Rien, elle ne veut rien. Rendre service à plus mal barrée qu’elle. L’autre, avec ses galères, c’est elle, en pire. Oui, ça pourrait être elle, en pire. Oui, ça pourrait être elle, avec encore un peu moins de pot. Oui, elle, dans un an demain. Une femme comme elle, en galère, comme elle. Comme elle. »
De l’autre côté de Paris, Blanche, mariée à Pierre, avocat, ne pense plus qu’à une chose : tuer son mari volage. Pas par jalousie, oh non ! Question d’orgueil, plutôt. Évidemment, cela doit impérativement passer pour un accident ou, à la limite, s’il n’y a pas moyen de faire autrement, pour un crime passionnel.
Le destin fera en sorte que les trois femmes se retrouvent dans des circonstances particulières et sous haute tension. Je ne peux décemment vous en vous dire plus sans vous en dévoiler trop.
Certains pourraient juger l’intrigue peu crédible, le dénouement farfelu, bref, un polar sans intérêt qui ne tient pas la route si l’on s’en tient à la stricte logique policière. Comme indiqué sur la couverture « Roman policier mais pas que… », l’auteur nous confronte à tout autre chose : les vies qui basculent pour un rien, pour un assentiment chuchoté ou une dénégation inaudible, un oui susurré ou un non murmuré. Est-ce à dire que nous pourrions être Paloma, Blanche ou Élisabeth ? Probablement un peu des trois : un mélange d’explosivité et d’impétuosité, de calcul, de froideur, d’indécision, de timidité. Toutes trois revendiquent une existence un peu meilleure, rien d’autre. Ce qu’elles ont en commun, ces trois femmes, c’est tout simplement l’espoir d’échapper à une vie qui ne leur a fait aucun cadeau et qui, au contraire, les enfonce de jour en jour dans le cloaque de l’indifférence, dans les sables mouvants de l’oubli. Ne jugez pas, le destin s’en charge.
Les dernières pages du livre sont belles à mourir.
Pas emballé... 5 étoiles

Rien d'affreux ici, mais j'avoues ne pas avoir été vraiment emballé (contrairement aux protagonistes qui elles le sont bien...). Une histoire peu crédible, des personnages très caricaturaux et une écriture assez scolaire. L'histoire est ce qu'elle est, mais j'ai trouvé la lecture de ce roman assez pénible.

Cecezi - Bourg-en-Bresse - 43 ans - 6 mars 2018