Un été dans l'Ouest
de Philippe Labro

critiqué par Lobe, le 26 juillet 2014
(Vaud - 29 ans)


La note:  étoiles
Les vacances de l'étudiant étranger
Le romancier Philippe Labro a écrit, une trentaine d'années après les avoir vécues, ses aventures américaines. Cette distance dans le temps, il l'explique en se référant au texte d'Hemingway sur la tauromachie, Mort dans l'après midi: c'est le temps nécessaire pour tirer du vécu la substance de l'écrit.

Ce vécu consiste en deux ans sur un campus de Virginie, côté est des USA donc, et en un été au Colorado, plein centre, relaté dans ce livre. En fait, de vacances il n'en est pas vraiment question puisque le jeune homme va durant cet été formateur travailler de ses mains. Et de son ciboulot. Car il lui faut s'adapter à ce qu'il découvre sur sa route vers l'Ouest, qu'il prend au milieu des années 50 - il n'en est pas le seul arpenteur, quoique quelques années plus tard cette même route se fasse plus fréquentée. Dans son périple, il croise des créatures peu fréquentables qu'il affuble de noms évocateurs. Aussi, il s'acoquine avec une joyeuse fille grave, Amy. Vient ensuite pour "Frenchy" le temps de bosser dans la forêt d'Uncompahgre, et de faire la connaissance, lentement, c'est à dire au rythme de l'Ouest, de ses compagnons de labeur.

Philippe Labro se raconte à travers son voyage initiatique, dans son acceptation de cet univers nouveau aux codes qu'il intègre peu à peu. Tout au long de ces chapitres courts, on sent l'enthousiasme juvénile qui l'habitait, la ferveur qu'il a mis à en être, de cette Amérique du milieu. C'est fragile mais ça me touche, c'est parfois maladroit - irritante ou attachante tendance à entretenir un suspense factice à chaque fin de chapitre - mais honnête. Je n'exclus pas le fait que mon jugement soit biaisé par le fait que je serai bientôt aussi dans ce Colorado. Alors forcément, toutes les descriptions de la nature sauvage, des forêts bleues à perte de vue, me font chaud-froid-chaud au cœur.

Puisque le "nature writing" (Pete Fromm, Rick Bass et consorts) a le vent en poupe, il est peut-être bon de remettre ce roman de bonne facture un peu en avant. Dont acte.