P'tit napo
de Géraldine Elschner, Ronan Badel (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 2 septembre 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
P'tit Napo n'est pas devenu grand lorsque Dieu lui a prêté vie une cinquantaine d'années
Jean Tulard, exégète tant de la vie de Napoléon que de la carrière des Pieds-Nickelés, livre là une préface où il rappelle que Napoléon a été souvent caricaturé et que les éléments qui permettent de caractériser ce personnage sont peu nombreux et fort connus de nombre de personnes de culture occidentale.

Il s'agit ici de raconter la vie du grand homme, tout en parodiant au passage parfois des tableaux comme "Campagne de France, 1814" de Meissonier ou encore plus universellement identifiable "Le Sacre de David". En autant de moments particuliers que de pages, le récit nous mène de la naissance à la mort de Napoléon. Ce récit tient plus dans l'importance de l'illustration que du texte, qui en moyenne propose vingt mots par dessin (il y a un seul dessin par page).

Le fil rouge est que depuis son enfance, Napoléon est obsédé par les clés et que c'est son désir d'agrandir sa collection qui l'a motivé à courir le monde; ceci est prétexte à quelques jeux de mots. Le fait qu'il soit toujours représenté avec la taille d'un nain sert de support à des gags visuels. Le style graphique renvoie un peu à celui de Sempé.

Quatre pages documentaires permettent de donner plus de sens à la version humoristique précédente. Si Joséphine est citée tant dans cette partie informative que dans le récit (où elle apparaît trois fois) par contre il y a une impasse totale dans la fiction sur Marie-Louise et une courte phrase, où il nous est dit assez maladroitement qu'elle part "se réfugier chez son père", ne précise pas qui est le géniteur de cette seconde impératrice.

Les huit tableaux auxquels le dessinateur a fait des emprunts pour la fiction sont cités, mais sans donner les pages en question (encore aurait-il fallu numéroter les pages évidemment). J'avoue que je n'ai pas été capable de trouver tous les clins d'œil d'autant qu'il semblerait que ce n'est pas dans l'ordre chronologique des évènements qu'ils sont intégrés. La "Butte du lion de Waterloo" d'Ingres pourrait servir à illustrer un fait d'une dizaine d'années antérieures et "Campagne de France, 1814" de Meissonier serait là pour rendre compte de la campagne de Russie. Bref il y aura très peu de jeunes lecteurs à faire l'effort d'aller chercher sur internet successivement les huit tableaux en question et de comparer avec chaque page du récit principal. On trouvera pour des jeunes de 9 à 11 ans, un texte globalement plus concis mais apportant le même volume de réelles connaissances dans "Napoléon" aux éditions Quelle Histoire (présentation faite sur critiques libres).