La peau dure
de Fernanda García Lao

critiqué par Pucksimberg, le 12 juillet 2014
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un roman original, amusant et déroutant !
Comment Violeta peut-elle accepter cette main d'une inconnue qu'on lui a greffée après un accident ? A qui appartenait-elle ? N'est-ce pas un corps étranger qui fait intrusion en elle ? Fernanda Garcia Lao s'intérese à l'étrangeté et rend certains éléments scientifiques ou logiques bizarres. Violeta est une comédienne qui ne parvient pas à lancer sa carrière, elle passe des castings, mais ne séduit pas. Elle continue à suivre des cours de théâtre sans grande conviction. Parallèlement à cette occupation peu rentable, elle travaille aussi dans un magasin, a un fils Damian sur lequel elle a peu d'emprise et semble un peu dépassée par les événements. Lorsqu'elle subit cette greffe, elle aura cette relation trouble avec cette main inconnue, incontrôlable et n'aura de cesse de rechercher qui était la propriétaire de cette main.

Ce roman fait souvent sourire, inquiète aussi et dérange. Sa lecture n'est pas toujours confortable et l'on se retrouve à se questionner sur cette main et à regarder le monde différemment. Certains critiques ont comparé cette auteure à Cortazar pour son goût pour l'étrangeté, plus intéressant à ses yeux que le fantastique pur. Pourtant, il me semble qu'elle emprunte davantage à Kafka. J'ai ressenti la même gêne en lisant ce roman que lorsque j'ai lu "La Métamorphose". Fernanda Garcia Lao sait cultiver l'inattendu. Le lecteur déambule dans ces courts chapitres sans pouvoir anticiper sur la suite. Dans cet univers, tout semble possible. Le roman est bien construit, se divise en plusieurs sections, chacune se rattachant à un mois de l'année.

L'auteure construit un roman inclassable qui emprunte au polar, au fantastique, au roman traditionnel. Elle n'a pas de limites et c'est bien ce point qui séduit le lecteur. L'héroïne elle-même n'a pas toujours les réactions qu'on aurait imaginées.

Un roman original, amusant et déroutant !