Le journal d'un poilu
de Sandrine Mirza

critiqué par JulesRomans, le 4 août 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Le journal au poil d’un poilu
"Le journal d’un poilu" est composé de deux parties. La première prend l’apparence d’un livre et se feuillette, sur une partie de la page de gauche est présenté un extrait du carnet de guerre d’André Beaujoin et des illustrations toujours très pertinemment en rapport occupent une partie de cette page gauche et une portion de la page de droite. Dans cette dernière un texte rédigé par l’historienne Sandrine Mirza (arrière-petite-fille du narrateur) contextualise les écrits d’André Beaujoin. Ce dernier, employé de bureau, habitait Alfortville à la Belle Époque et y retournera vivre après septembre 1919, date où il revient de Roumanie où une partie de l’Armée d’Orient a été envoyée afin d’éviter une entrée de l’Armée rouge au sud-est des Balkans.

Né en 1915, il est appelé le premier janvier de cette année-là semble-t-il au 170e RI, passe au 174e en mai 1915, au 18e RI en novembre 1917 mais c’est avec le 84e Ri qu’il part en Grèce en février 1918 et devient téléphoniste (réparateur des lignes de téléphone) au 37e RIC (infanterie coloniale) un mois avant l’Armistice. La lecture attentive des textes permet de trouver des mots passés dans l’argot des poilus comme "ma Nénette" (lettre du 8 décembre 1918). Il révèle en particulier qu’après la fin de la guerre en Orient, les troupes françaises pillent les campagnes bulgares.

Les points traités sur la page de droite permettent de se faire une large idée des caractéristiques du conflit à l’avant comme à l’arrière, on en citera quelques-uns: l’armée et le soldat français (organisation et équipement), s’enterrer dans les tranchées, vivre dans les tranchées, l’enfer de Verdun, communication et renseignement, les moyens de transport, les soins aux blessés, le courrier aux armées, la France dans la tourmente (vie à l’arrière avec mention des réfugiés), la guerre sur les mers, le front d’Orient …

La seconde partie du livre est composée d’une pochette avec divers documents à l’intérieur. On relève en particulier la carte du front occidental (avec une erreur pour la frontière belge de 1914, car est présentée celle de 1919) et celle des Balkans, les quatre pages de la couverture du livret militaire du narrateur, la première page d’un journal des tranchées (du 344e RI), un jeu de l’oie patriotique, des tickets d’alimentation, le texte de la Chanson de Craonne…

Voilà un ouvrage qui permet d’aborder la Première Guerre mondiale à partir de multiples documents d’époque et permettra aux adultes qui guideront sa lecture de faire approcher de multiples points (certains non prévus par l’auteur comme, pour le courrier du 12 novembre 1917, ce qu’était la plume sergent-major).