Les larmes du tigre
de Didier Comès

critiqué par Blue Boy, le 5 juillet 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Beau dessin pour scénario creux
Qui a volé l’ombre de « Petite Pisse Partout » ? Chassée de sa tribu, la jeune femme qu’on appelle désormais « Celle qui a perdu son Ombre » vient demander l’aide du chaman solitaire « Parle avec le Feu ». La puissante médecine du chaman les mènera sur la voie de la vérité et les larmes du Tigre cesseront de couler.

Découvrant qu’il s’agit de l’avant-dernière production de feu Didier Comès, je serais tenté d’en conclure que son inspiration, parallèlement à la qualité de ses œuvres, n’a fait que diminuer avec le temps. Et c’est bien dommage, car ce monsieur a vraiment publié de belles choses dans les années 80, notamment ses deux pièces maîtresses, « Silence » (un classique de la BD) et « La Belette ».

Il n’y a vraiment que le dessin, avec ses à-plats noirs si caractéristiques, que l’on puisse encore admirer, même s’il est en quelque sorte bémolisé par la pauvreté du scénario et l’inanité de l’ensemble. On savait l’auteur attiré par les univers chamaniques et les croyances primitives, il en fait ici la démonstration pleine et entière… Ce qui pose problème, c’est qu’on ne croit pas une seconde à son histoire, passablement ennuyeuse, alors qu’auparavant Comès réussissait à nous immerger si facilement dans les vieilles maisons moussues et grinçantes de sa campagne ardennaise, à nous enchanter de ses mystères ancestraux. Les personnages de cet opus ont beau avoir de magnifiques peaux de bêtes et d’imposantes cornes de cerf, ils ont des noms ridicules et s’expriment de façon complètement déplacée, ce qui ruine tout l’ensemble. Quant à la morale de l’histoire, je suis carrément passé à côté.

A la différence de son héroïne qui retrouve son ombre après une longue marche, Comès semble avoir pour sa part totalement égaré son inspiration. Quant à nous, lecteurs, il ne nous reste pour pleurer que les larmes d’un tigre un peu fatigué…